…rester fixe pendant la progression (pas de soulèvement, ni de ripage, ni de recul).…plier pour assurer la propulsion…avoir une rigidité latérale pour assurer le guidage.
la chaussure
Elle doit avoir une semelle souple pour pouvoir plier au niveau de la base des orteils.
Une semelle rigide ne permet pas le fonctionnement du reflexe anti-chute AV (et c’est la même chose avec une fixation articulée devant les orteils !)
Le bridage
Nous avons donc compris que la liberté du talon complique énormément le guidage du ski qui ne dépend donc que de l’avant-pied : il faut un bridage qui l’empêche de se soulever, d’avancer ou de riper latéralement (bridage d’orteils) ; c’était obtenu par lanière puis, plus tard, par étrier métallique nettement plus efficace.
Il faut aussi que le pied ne puisse pas reculer : pour ça il y a eu plusieurs systèmes : le plus courant est une bride qui passe derrière le talon (bridage talonnier) et qui pousse donc la chaussure; mais il y a aussi des systèmes qui s’en passent en la tirant vers l’avant.
Mais, malgré ça, la tenue latérale du talon est le point faible de (presque) toutes ces fixations nordiques.
A- Avant le 20ème siècle
L’origine du ski remonte à la préhistoire comme le montrent les gravures rupestres datées de plus de 9.000ans, et le plus ancien ski retrouvé a été daté de 3.500 ans .
C’était toujours du ski de plaine ± vallonnée, terrains peu exigeants pour la tenue du pied.
Avant l’ère industrielle, bouclerie, clous ou vis n’étaient guère utilisés et le bridage passait par des trous dans le ski : trous verticaux d’abord (fixations dites « 4 trous »), puis transversaux dans l’épaisseur du ski (mortaise).
• La bride d’orteils pouvait être la seule présente, par exemple en Laponie jusqu’au 19ème siècle : la chaussure portait un retour avant qui l’empêchait de sortir par l’AR.
• Mais une bride talonnière est rapidement venue pour empêcher cette sortie par l’AR avec des chaussures standard; cette bride était généralement en cuir, mais il y a eu de l’osier tressé ou de la baguette de jonc.
B- Début du 20ème siècle (avant les années 30)
La pratique
« Faire du ski », c’était obligatoirement, faire du « ski nordique » du fait de l’absence de remontées mécaniques : c’est la seul pratique alors connue car ce sont les norvégiens qui, sauf exception*, étaient la référence mondiale ; maintenant, nous la qualifierions de « randonnée nordique » mais à l’époque on parlait de « course » (même pour la simple promenade) ; l’autre pratique était le saut qui se faisait avec le même matériel !
Pour aller à plat ou monter (un peu), pas de problème : c’est de la marche en glissant les skis ! Mais pour la descente, ça se corse : beaucoup font des « tout droit / chute / tout droit / chute » etc… ; ceux qui savent un peu skier utilisent le virage chasse-neige ; le « télémark » (toujours la Norvége !) est seulement le virage de la minorité des « forts ».
Ces 2 types de virage ne sont pas gênés par la liberté du talon ; il n’en sera pas de même pour le virage « christiania* » (encore la Norvége !) qui commence à être connu et utilisé par les « forts » : on parle alors de « stemm-bogen », ou méthode dite « de l’Arlberg » enseignée depuis les années 20. Ces types de virage demandent une certaine avancée du corps, et l’équilibrage était facilité si la levée du talon était freinée et/ou limitée (voir §0)
(*) Ça s’écrit aussi « kristiania » qui est le nom d’Oslo avant 1925.
La chaussure
Peu différente d’une chaussure de montagne ou de marche : la semelle est souple pour suivre le soulèvement naturel du talon à la marche ; la pliure doit se faire à la base des orteils (derrière l’étrier).
Le bridage
Antérieur (orteils)
La caractéristique commune est la présence d’étriers métalliques, étriers dont le règne ne cessera guère avant les années 60.Talonnier
La lanière de cuir règne en maître et sa qualité fait celle de la fixation !
• Le bridage standard :
La chaussure est POUSSÉE dans l’étrier et la mise en tension se fait…
- soit par une boucle LATÉRALE classique à ardillon ou, plus tard, par une boucle à levier et excentrique (ELLEFSEN, RIVAS etc…) qui facilitait chaussage et serrage.
- soit par un tendeur situé DEVANT la fixation (Sigurd, Houm etc…).
• Les longues lanières :
Ce système, le plus simple qui ait existé depuis la préhistoire, fait appel à une lanière plus ou moins longue (1,4 à 2,2m suivant les époques) qui s’entortille et se lace autour de la chaussure : elle n’a donc besoin d’aucune vis et rivet, ni d’aucune bouclerie.
• Cas particulier des inserts
La liaison étrier/talon fait appel uniquement à la semelle de la chaussure donc SANS BRIDE grâce à l’insertion d’une pièce intermédiaire fixée sur la semelle.
On peut en définir 2 types :
- Les inserts complets : tout est inclu dans l’étrier, rien n’en dépasse
- Les demi-inserts ou faux inserts : un système intermédiaire où la chaussure est TIRÉE vers l’avant par l’intermédiaire d’un crochet mais nécessite un étrier classique pour empêcher son soulèvement. (demi-inserts à voir ci-après).
Note: ces fixs à insert seront détaillées ultérieurement (lien en fin d'article).
Les principaux genres de fixations
Nous ne nous attacherons qu’aux principes de leur fonctionnement et seulement pour les plus répandues et/ou les plus innovantes.
1) Étriers dans une mortaise : la fixation Huitfeldt*
Ce sytème mortaise/étrier va être ensuite repris par de nombreux fabricants et souvent avec d’autres systèmes de bridage.
(*) l’orthographe Huitfeld (sans « t ») est aussi largement utilisée.
2) Étriers vissés monoblocs :
Rares et contemporains de la Huitfeldt, ils n’ont guère dépassé le cap des années 10 et ont été peu diffusés. Le réglage de la largeur se faisait aussi à coups de marteau.
3) Étriers vissés séparés :
Chaque joue de l’étrier était indépendante et, gros progrès, leur angulation pouvait se modifier pour mieux épouser le bout de la chaussure ; mais il fallait un démontage partiel pour ce réglage.
Ce système a été largement majoritaire pendant toute la période des années 20 à 40.
La fixation ALPINA (début des années 20) a été la plus connue, d’autant que le nom (et la licence ?) ont été repris 10 ans plus tard, par Attenhofer ; mais il y eu de très nombreux dérivés et/ou copies et/ou améliorations (probablement une centaine de modèles rien qu’en France !).
On peut toutes les regrouper sous l’appellation générique de « genre Alpina ».
Quelques unes avient un système de réglage des étriers facilement accessible sans démontage et souvent très astucieux (SESSELY, RUCHSER, FALISSE, GEZE, etc…).
4) Bride talonnière à tendeur AV
Assez répandues, par exemple :• Celles à levier vertical : SIGURD (N), HOUM, WEBER et NIVEA (CH), BERNARD et TOR (F), INGAB (D) etc…
• La KOSKI (CH) à levier horizontal.
<=Exemple : l’originale SESSELY (CH-1907) à câble (partiel) dont c’était la 1ère apparition, 30 ans avant le brevet Reuge de la Kandahar.
5) étriers articulés
L’avant de la chaussure n’est plus obligé de plier ; mais, gros inconvéniant, l’équilibre vers l’avant n’est plus assuré par les orteils (cf article précedent). Aussi, les rares fixations existantes ajoutaient-elles un fort ressort pour freiner le mouvement.
Exemple: la MÜLLER (1903) et enfin la SCHUSTER (1919) =>
6) Fixations dites « à semelle »
Le réglage de la longueur se fait par dépose/repose de la semelle (plutôt contraignant !).
Le terme « fixation BALATA » est souvent utilisé (génériquement et à tort !) pour ce genre de fixation à semelle souple.
L’empeigne talonnière pouvait être remplacée par un petit étrier métallique (fix. ELLEFSEN).
(*) balata : genre d’hévéa qui donne une sorte de caoutchouc très résistant utilisé à l’époque pour les courroies industrielles.
=Cas particulier des semelles métalliques :
Elles sont étudiées en détail dans un § spécial (lien en fin d'article).
Ces fixations autrichiennes sont vraiment remarquables car elles sortent de la "pensée unique" de l'époque (norvégienne), et qu’elles ont existé de la fin du 19e siècle jusqu’au début des années 30 ; mais elles ont été quasi ignorées en France!
Il s’agit de la fixation «ALPENSKI» (dite «LILIENFELDT») et de son dérivé : la célèbre «BILGERI». La rigidité de la semelle entraîne une tenue latérale tout à fait inconnue à l’époque : elle permettait donc de tenir dans un dévers même raide.
Ces fixations sont considérées comme les 1ères fixations de ski alpin et préfigurent les fixations de randonnée dites « à plaque » de la fin du siècle.
=Cas particulier des fixations à insert
Elles sont étudiées en détail dans un § spécial (lien en fin d'article).
Il s’agit toujours de fixation à semelle, mais c’est celle de la chaussure qui est utilisée: donc il n’y a plus aucune courroie.
• Les demi-inserts:
Il s’agit de fixations avec un étrier ; pour s’y coincer, la chaussure est tirée en avant grâce à un levier sur le ski et un crochet fixé à la semelle.
Par exemple :
- la BBB (CH-1923) et la BEETSCHEN (qui se ressemblent)
- les rares BÄCHTOLD et KOLARIK (CH)
- la française POPULA PLIN-UP
• Les inserts complets (dits "vrais"):
<= La première connue semble être la française COUTTET de 1905.
• La fixation AUSTRIA (Autriche 1907) c’est une MÜLLER à cadre « fil de fer « pivotant. Noter le ressort de freinage antérieur.
• Les fixations TELLEFSDAL (Norvège – 1917). Plusieurs fabriquants jusqu’aux années 40. Cadre articulé indépendant de l’étrier espectant donc la pliure de la semelle.
C- Milieu du 20ème siècle (années 30 à 60)
C’est l’époque charnière où la différentiation nordique/alpin a vraiment débuté et n’a fait que s’accentuer dans l’après-guerre.
Les pratiques
La méthode de ski française a entraîné la nécessité d’avoir un talon fixable pour la descente : ça sera l’objet du §2.
Le ski purement nordique, lui, n’a pas cette contrainte mais, à cette époque, il est très peu répandu car limité aux compétitions de fond et de saut.
Les chaussures
- - Pour l’alpin : la semelle commence à se rigidifier et à porter des renforts latéraux protecteurs. C’est le début des tiges plus hautes et du double-laçage (années 50).
- - Pour le nordique : la tige reste assez basse et la semelle très souple : donc pas de différences nettes avec celles du début du siècle.
Le bridage
C’est la grande nouveauté de l’époque avec le développement de la dualité « parallèle / diagonale » (voir §2).
• Parallèle = talon toujours libre : c’est la continuité des années précédentes et le seul genre de fixations que nous allons étudier ici.
• Diagonal = fixation du talon par abaissement de l’attache de la bride talonnière. Position utilisée pour la descente: il s'agira donc de fixations à talon fixable pour le §2
Les anciennes fixations
Il s’agit de la plupart de celles des années 20 qui sont restées sur leur système parallèle permanent.1) Celles du genre ‘Alpina’
Au début des années 30, elles resteront sur le marché et le domineront, d’autant que la marque a été rachetée par Attenhofer et bénéficiera de son artillerie lourde publicitaire (ça ne l’empêchera pas de perdre sa « gueguerre » avec Reuge pendant la vraie (voir §2).
2) Évolution des anciennes « standard ».
Beaucoup sont maintenant présentées dans les publicités, comme fixations nordiques.
Exemples:
• La BERGENDHAL qui devient spéciale « …pour ski de saut » et «… pour courses (voir article spécial)
• La GRESVIG des années 20 qui change de nom et devient « Loïpe » (« circuit » en norvégien).
3) Quelques erfectionnements …
- Rigidification de la courroie talonnière
Apparus à la fin des années 20 mais ne se sont répandus largement qu'un peu + tard.Deux principaux :
• le talon BILDSTEIN à ressort, pour améliorer (un peu !) la sécurité.
Exemples: la GEZE Silverking (CH-1932), la NORGA et la TANGVALD (F- début années 30)
La fixation PAX (F – 1930) ci-dessous
- Taquets d’orteils de l’étrier
À partir des années 40 la bride cuir habituelle, peut être remplacée par des taquets réglables coinçants la semelle : c’est facilité par ses protections métalliques latérales.
- Étriers de sécurité:
Seulement 2 connus en France: le D.R. et le KIENER (F-1936).
Le DR a ses 2 étriers ouvrants et le Kiener, un seul =>
Les nouvelles fixations
Elles montrent l’apparition de la spécialisation « nordique » venue, bien sûr, de Norvège pour ce qui s'appellera, de + en + souvent: "ski de fond".
Caractéristique communes : elles se passent toutes de brides et peuvent être ± assimilées à des fixations à insert.
La + marquante : ROTTEFELLA (brevet Bror Wirth - Norvège)
En réalité ses débuts datent de 1928 et ses descendantes sont toujours d’actualité.
Remarque: en Allemagne, la marque était diffusée sous le nom de « Rattenfall ».
D- Après les années 60
Les fixations « talon libre » sont devenues totalement spécifiques du ski nordique.
Les pratiques
Ski sur pistes dit « ski de fond » :
Engouement après la médiatisation aux JO de 68 : le nombre de pratiquants explose.
Dans les années 80, la progression classique dite « pas alternatif », se double par la progression sportive en pas de patineur (« skating »).
randonnée nordique (Fond hors-pistes) :
C’est la continuité du ski pratiqué depuis la nuit des temps, y compris avec le retour à la mode de l’exigeant télémark qui avait quasiment disparu après les années 20.
Ski de saut
Cantonné à la compétition. Matériel spécifique (trés trés spécifique dès la fin du 20ème siècle).
Les chaussures
Se spécialisent de plus en plus :
- Pour le fond : chaussures basses en cuir et/ou plastique et/ou toile et/ou en caoutchouc
- Pour la rando : chaussure à tige plus haute, mêmes matières.
- Pour le télémark, elles se rapprochent de + en + des chaussures de rando alpine (cf §2)
Exemple : 4 chaussures nordiques norme 75 des années 80-90.
Les fixations
Ski de fond classique
Mais gros avantage : la tenue latérale est nettement améliorée et le skating est facilité.
Exemples :
• Adidas lance la mode en France en 1972.
• Rottefella a sa « NNN BC » (New Nordic Norm Back Coutry) et aussi une « Norme 50 »
• Fischer a aussi sa « NNN » et une « BCX »
• Salomon a sa « SNS » (arrêtée en 2015)
• Rossignol a sa « RNC » etc……
Randonnée nordique et télémark
Mais les inserts « LowTech » font leur apparition après 2010 sans pour autant évincer l’ancienne. À la même époque, Rottefella lance sa norme "NTN" adaptée à la rando.
Saut
Peu de différences au 20ème siècle avec les standards à étrier et câble. Les normes 75 et NTN peuvent aussi s’adapter au saut.
Exemple : cette fixation des années 90 (norme 75)
Mais dans les années 10 (du 21ème) on peut voir aussi des vraies « usines à gaz » avec inserts LowTech.
==================================