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LES SKIS BOIS (§1, §2 & §3)

Bois et ski sont associés depuis la nuit des temps et le sont encore très souvent au 21ème siècle.

Après une brève étude des bois (§1), nous verrons comment ils ont été utilisés pour les skis d’abord en massif (§2), puis, ensuite, agencés en plusieurs couches (§3). 

Un article additif (§4) parlera 'entretien' et 'réparations' de ces skis bois (lien en fin d'article).

§1 - LE BOIS DES SKIS

Qualités recherchées

-       Solidité : c’est la résistance en flexion et aux chocs ainsi qu’aux variations de température et donc à la déformation. Mais aussi, résistance à l'abrasion par la neige.Ces résistances sont données surtout par les bois denses à longues fibres.

-       Élasticité : elle dépend de la longueur des fibres. Le bois doit reprendre sa forme après déformation.

-       Légèreté : donnée par les bois de faible densité.

-       Imperméabilité : plus elle est forte, moins il fait ‘’éponge’’ dans une neige humide.

-       Prix faible : critère évident, secondaire pour la compétition.

Le bois qui répond à toutes ces qualités n’existe pas : il a donc fallu faire des compromis, le principal étant la dualité ‘’solidité/densité’’ car à l’époque du bois massif, faire solide ET léger était une gageure ! Heureusement, les assemblages de couches de bois différents ont bien amélioré les choses !

 

Les bois utilisés

Seules 3 essences ont été utilisées à grande échelle.

L’hickory (= carya) 

Noyer blanc d’Amérique qui pousse en zone tropicale; des essais d'introduction en Europe ont été des échecs.

Bois à très longues fibres, très nerveux, très dur, très glissant et ne prenant pas l’humidité. Mais lourd et cher ; il a été (et est toujours) l’essence ‘’reine’’.

Le frêne

Bois à longues fibres et plus ou moins dense suivant l’humidité du terrain dans lequel il pousse.

C’est le meilleur après l’hickory quoique plus poreux et plus fragile ; mais très bon marché et donc, de ce fait, il été, de loin, l’essence la plus utilisé pour les skis.

Le bouleau

Seul le bouleau de Scandinavie est utilisable car il pousse bien droit et lentement. 

C’est un bois très léger, mais cassant et poreux qui n’a été utilisé seul que pour des skis scandinaves (surtout finlandais): neiges froides (donc sèches) et terrains plus ou moins  plats.

 

Les autres bois 

Toutes les essences ont été utilisées seules en fonction des époques et/ou des arbres disponibles dans la région.

 Mais beaucoup ont été (et sont encore) utilisées dans des skis multicouches.

Les résineux (sapin, pin, mélèze etc…) :

Très bon marché, mais peu glissants, peu flexibles et très cassants. 

Uniquement pour des skis enfants et/ou très artisanaux (voir § suivant).

Les arbres de plaine

• Acacia, cerisier, sorbier : assez adaptés mais usage très confidentiel car rarement droits donc difficiles à travailler.

• Chêne, noyer, hêtre : peu élastiques, lourds. Utilisables uniquement dans des jeunes arbres. 

Exemples : Le chêne pour les skis de Nansen en 1888.

- Le hêtre pour des skis fabriqués en France pendant la dernière guerre.

• Peuplier, érable : très longues fibres donc bois très souples et légers mais fragiles. Fréquents dans les multicouches

Les bois exotiques

• Exemple du teck : bois très dense, dur et peu poreux donc bien glissant mais très cassant.

• Exemple de l’azobé : très dense aussi mais plus résistant à la compression et pratiquement ‘’étanche’’.

Les bois spéciaux ulta-légers : exemples

• Balsa : le plus léger qui existe mais qualités mécaniques très faibles : d’où son utilisation uniquement en sandwich dans des multicouches.

• Pauwlonia, un peu moins léger mais plus résistant ; mêmes utilisations.

 

§2 - LES SKIS EN BOIS MASSIF

Fabriquer des skis à partir d’un tronc d’arbre a été la seule méthode connue de la préhistoire jusqu’au milieu du 20ème siècle. Mais toute une série d’opérations est nécessaire pour que l’arbre devienne un ski.

Le résultat s’est bien sûr affiné au cours des âges pour finir par donner des véritables pièces d’ébénisterie.

De l’arbre à la planche

La façon de préparer le bois revêt une importance capitale pour l’avenir du ski qu’il va engendrer.

• Abattage : hivernal (avant la montée de sève).

• Séchage : à plat pendant 1 an minimum. Plus tard séchoirs industriels.

• Découpe des grumes : doit donner 2 planches identiques, sans nœud et avoir les fibres dans le bon sens (capital pour la solidité de la spatule) !

Le schéma (Frendo) ci-contre résume bien les problèmes posés par cette découpe.

• Rabotage : AV => AR. Si sens contraire, c’est donc que le bois est à ‘’contre-fil’’ et devient très fragile ! 

De la planche au ski

Méthodes ancestrales

En Scandinavie, les skis sortaient d’ateliers souvent spécialisés ; l’exportation s’est faite au milieu du 19ème d’abord vers l’Allemagne et la Suisse et, rapidement, ailleurs ensuite.

À partir de la fin du19èmesiècle, dans chaque village de montagne, des menuisiers ont fabriqué des skis ; les militaires de Briançon apprenaient à fabriquer leur matériel et beaucoup de ‘’bricoleurs’’ s’y sont mis aussi ! Les méthodes étaient empiriques et une grande quantité de skis restait importée de Norvège.

La principale difficulté semblait être de cintrer la planche pour former spatule et cambre ; puis de faire persister ces courbures en évitant le voilage du ski.

• Par chauffage ou vapeur

- Méthodes archaïques (voir schémas ci-dessous). 


- Les norvégiens, eux, trempent l’ébauche dans l’eau bouillante pendant 10mn puis courbent le ski à la main et le laissent sécher à l’air sec pendant 2 semaines minimum.

• Par mise dans une forme

Sorte de moule en 2 parties dans lequel on fixe l’ébauche préalablement bien humidifiée. Puis séchage au four peu chauffé ou un grenier très aéré.

Exemple chez les militaires de Briançon :

Méthodes artisanales ou semi-industrielles

C’est surtout à partir du début du siècle que des fabriques spécialisées apparaissent, souvent à partir d’ateliers de menuiserie ; la véritable industrialisation, elle, n’a été induite que beaucoup plus tard, avec la disparition des skis en bois massif.

Mais citons quand même que Melchior Jacober semble bien avoir été le 1er (hors Norvège) à créer un atelier spécialisé à Glarus (CH) en 1893.


Nous résumerons les opérations nécessaires par ce schéma qui date de 1961 :


Les skis obtenus

Vu l’étendue de ce domaine, nous ne ferons que l’effleurer et nous nous contenterons de commenter des dessins trouvés dans la littérature du début du siècle, ainsi que quelques exemples.

Exemple caricatural

(Collection Hyalmar à l’exposition de Christiania en 1907 – Compte rendu de Richard Staub)

« Vu le très ancien° ski de Toten, fait dans un demi-tronc d'arbre de, seulement, 3m40 de long, 9cm de large et de poids ‘’démesuré’’… »

°) estimé par Staub à plusieurs centaines d’années.

Forme et dimensions 

Commentaires sur cette image :

-       Le rapport ‘surface / poids’ des skis finlandais montre qu’ils sont certainement en bouleau.

Pour l’anecdote : les 2 spatules n’étaient pas prévues pour le ‘’free-style’’, mais pour retourner le ski en cas de bris de spatule (les fixations, simplistes, étaient également ‘’retournables’’).

-       Le ski norvégien se rapproche un peu plus des standards ‘’outre-baltique’’ tant en dimensions qu’en poids qui correspond sûrement à du frêne. 

o   Il ne faut pas croire qu’il était spécialement prévu pour le virage télémark, car c’était le ski à tout-faire de la province de Télémark et il servait donc pour la ‘’course’’ (dénomination du ‘’fond’’ à l’époque), le saut etc…

o   On notera que Paulcke ne parle pas de ''concavité latérale'' (= taille de guêpe) qui aurait été ‘’inventée’’ par Sondre Nordheim à la fin du 19ème siècle : le dessin non plus ne le fait pas apparaître (il ne devait pas être bien marqué ni répandu !)            

Le profil

Il presque aussi varié que les formes.     Exemple:

-       L’Alpenski : correspond au ski ‘’de montagne’’ autrichien de Zdarsky.
-       Les coupes ‘ancienne’ et ‘télémark’, ne montrent pas de différences, sinon la largeur ?
-       Les coupes ‘suédoises’ ne semblent guère avoir traversé la Baltique !
-       Les coupes ‘nouvelles’ se retrouvent encore souvent dans les années 30, car ce profil augmente la solidité du ski et évite l’accumulation de neige sur le dessus.

Résultats à éviter !

Exemple 1 :

Skis junior faits par un ‘’bricoleur’’, probablement dans les années 20 ou 30. 

Le jeu des 5 erreurs :

• 1ère: bois utilisé : sapin ou épicéa.
• 2ème: les 2 nœuds.
• 3ème: fibres du bois de la spatule dans le mauvais sens et le résultat sur le ski 2 ! 
• 4ème: mauvais rabotage de la semelle et absence d’imperméabi­li­s­ation (pas de goud­ronnage visible).
• 5ème: spatules étroites = enfournement assuré.

 

Exemple 2 :

Skis des années 40/50 en frêne : déformation transversale (=‘’jeté’’) d’un des skis.


Évolution de la production

On notera d’une manière générale que toutes les productions du début du siècle sont d’inspiration nordique (surtout norvégienne) et peu adaptées à un usage ‘’alpin’’ ; mais nous allons voir, que dès la fin du 19ème siècle, il y a quand même eu au moins 2 précurseurs visionnaires qui se disputent la qualification de ‘’père du ski alpin’’ !

• Mathias Zdarsky (Autriche) : son Alpenski est court, n’a pas de rainure et surtout sa fixation, métallique (la Lilienfeld), tient bien le pied dans les dévers (il arrive à virer dans des pentes de 30°). 

Melchior Jakober (Suisse) : dès 1893, il propose, à côté de skis ‘’télémark’’ classiques, un ski large (10cm) et court (1,80 à 2m) utilisé, la même année par C. Iselin pour ce qui semble bien être la 1ère randonnée vraiment alpine (traversée du Pragelpass).

 

Jusque dans l’immédiate après-guerre (39/45), le ski en bois massif n’évoluera que peu sauf que la spécialisation (fond, saut, alpin, compétions etc…) a fait son œuvre, jouant seulement sur longueur et largeur. Le ski peut être alors une œuvre d’art avec de très grosses disparités de qualité donc de prix. 

Exemple trouvé dans le catalogue André Jamet de 1936/37 : tous les skis proposés sont en bois massif, certains en deux largeurs ; il s’agit toujours de skis nus (sans fixation). On y trouve :

• Skis ‘’réclame’’ en hêtre à 45F de 180 à 210cm (pour juniors?)

• Skis finlandais en bouleau à 155F (largeur non précisée)

• Skis de course de fond en Hickory (55mm) à 235F

• Skis (72 ou 75mm) en frêne de 69 à 135F

• Skis (72 ou 75mm) en Hickory de 135 à 210F

• Skis norvégiens en Hickory de 325 à 375F (pour compétition).

 

Le bois massif a disparu des catalogues dans les années 60 où il ne subsistait d’ailleurs que pour des skis enfant ou de très bas de gamme.

 

§3 - LES SKIS BOIS ‘’MULTICOUCHES’’

Nous avons vu que le bois idéal n’existe pas ; aussi, dès la fin du 19ème siècle, des norvégiens ont eu l’idée d’associer les essences pour en limiter les défauts tout en gardant des qualités.

L’agencement se fait par couches de bois qui seront au minimum, deux : on peut grossièrement schématiser en parlant de contreplaqué; mais les dénominations de lamellé, laminé, contrecollé sont souvent utilisées, alors que par exemple, ce dernier nom est celui du 1er brevet Rossignol (voir § ci-après). Le terme lamellé/collé est plus récent.

On notera que c’est l’amélioration de la qualité des colles qui a été déterminante.

 

Les précurseurs

• 1891…1893 - HM CHRISTIANSEN* Norvège (atelier ‘Langesund Ski & Woodwork). 

Début de fabrication de skis 2 couches :  une semelle en bois dur (frêne, hickory ou chêne) et un corps en bois léger (tilleul, bouleau ou épicéa). 

Mais colle de menuisier d’où de gros problèmes de décollage à l’humidité ; production abandonnée au début de siècle.

*) fabriquant des skis en chêne de Nansen

• 1922 – T.NORDBY - Norvège : utilisation d’une colle moins sensible à l'eau pour des skis laminés 3 couches, fins et légers. Production inconnue.

• 1929 – SANDSTRÖMS (frères) – Suède : brevet SE 68.226. 

2 ou 3 couches, dentelées pour augmenter les surfaces de collage (a). Fournisseur de l’armée suédoise.

Splitkein 

Ce nom, très connu, correspond à l’avènement dans le domaine du ski, de ce qui est souvent appelé maintenant : le multicouches en « lamellé-collé ».

Vu la notoriété du nom, nous allons détailler ; mais il s’agit d’une histoire très complexe avec de nombreuses discordances dans les différentes sources : aussi n’en garderons nous que des données recoupées.

Début de l’histoire (1931-34)

-  À Seattle (USA)

Jørgen AALAND, moniteur de ski, fabrique en 1931 et 1932, dans son atelier, quelques skis faits de plusieurs couches de bois collées selon un procédé nommé « splitkein » (voir ci-après). 

• 13/5/1933 : dépôt du brevet US 2.038.530 par R.C. ANDERSON, propriétaire de la ‘’The General Furniture Company’’ (fabrique de meubles) dans laquelle travaille alors Aaland.

 - À Oslo (ex Kristiana - Norvège)

• 18/1/1933 : dépôt de 2 brevets identiques par 2 norvégiens Bjørn ULLEVOLDSÆTER (CH 171.141) et Peter Schou ØSTBYE (AT 141.178).

C’est celui d’un ski laminé 3 couches ressemblant fortement au ski Aaland/ Anderson.

• 1/3/1934 : dépôt du brevet US1993636 portant les deux noms, mais demandé par une société « Splitkein of Norway » qui appartenait à Ullevoldsæter.

- Il y a « splitkein » et « Splitkein » :

• splitkein :

Nom commun donné par Aaland à ‘’son’’ procédé de construction de skis : c’est le ‘’split cane’’ (canne fendue) utilisé pour la fabrication de canne à pêche en lattes de bambou refendues puis collées.

Il s’agirait donc :

- soit d’une transcription de la prononciation américaine, 

- soit d’une traduction en norvégien ?? (ou les deux ??)

Mais ce nom, qui n’apparaît dans aucun des brevets consultés, ne semble donc pas avoir été ‘’déposé’’ officiellement et a donc été utilisé partout et pour des structures plus ou moins différentes !

• Splitkein :

Nom propre commercial norvégien, d’abord de la société d’Ullevoldsæter, puis de la marque des skis Østbye (cf ci-après).  

- Commentaire sur cette période :

- Bien que le brevet Anderson ait été déposé 4 mois après, l’antériorité du nom 'splitkein' est quand même attribuée à Aaland par tous les auteurs !

- La simultanéité du dépôt des brevets, citée par plusieurs auteurs, n’a pas été confirmée.

- Le brevet Anderson, beaucoup plus élaboré et précis que celui des deux norvégiens, ne porte ni le nom d’Aaland, ni celui de son procédé.

- Les relations Aaland, Anderson et Ullevoldsæter ne sont pas claires du tout, mais ils sont tous (ou ont été) norvégiens et cette coïncidence des dénominations paraît assez bizarre (Aaland aurait-il décrit ou cédé son procédé à Ullevoldsæter avant de rentrer chez A&T ce qui pourrait expliquer que le nom n’ait pas été utilisé par cette firme).

Suite et fin de l’histoire aux USA

-1934 : création de l' Anderson & Thompson Ski Company’ (A&T) et début de la production des skis selon le procédé splitkein. La firme change de mains plusieurs fois et en 1967, elle devient ‘’K2’’.

-1939 : création de la société ‘’FLEXIBLE FLYER’’ (A&T + GROSSWOLD) pour commercialiser (et fabriquer ??) des skis Splitkein sous licence Østbye.

Suite et fin de l’histoire en Norvège 

Ici, c’est beaucoup moins simple et ne sera pas détaillé !

-1935 : création à Oslo de lØstbye Ski Fabrik par Østbye seul (rachat probable des parts et brevets d’Ullevoldsæter).

- 1938 : 1er brevet Østbye seul (FR 828.727).

- 1939 : l’usine Østbye est devenue la plus importante de Norvège (39.000 paires/an).

- 1947 : elle est reprise par Laila Schou Nilsen puis déplacée à Hønefoss.

- 1980 : faillite ; la firme est reprise par Fischer.

Nombreuses licences accordées partout en Scandinavie, en Amérique du Nord (USA et Canada) et, dès 1936, à Attenhofer et à Kneissl. 

Les productions sous le nom Splitkein sont surtout des skis ‘’de fond’’, l’alpin étant très minoritaire. C’est grâce aux résultats en compétition, que les skis Splitkein ont dominé le marché du ski nordique européen jusqu’aux années 70. Mais la vague ‘fibre de verre’ a eu raison de la marque.

Les skis Anderson & Thompson

Il s’agit du classique 3 couches en sandwich.

Apparemment, A&T se cantonnait aux skis alpins : voir la pub US ci-dessous (non datée) et le catalogue 1956.



Il montre, à côté d’un ‘Olympic’ (qui semble importé de France ?), un ski ‘Shasta’ qui pourrait être une suite au ski Anderson/Aaland originel ?

Les ‘’vrais’’ SPLITKEIN

Nous considérerons comme ‘’vrais’’, les skis qui… 

… correspondent aux divers schémas des brevets initiaux

… et/ou qui sont fabriqués par des licenciés

-Leur structure :

• Exemple 1 : La typique construction en lamelles n’apparaît, imagée, que sur les 2 brevets Ullevoldsæter déposés le 21/10/1935 : seul celui des USA montre les lamelles collées sur chant .

La coupe n°1 montre une structure deux couches mais avec des champs complets en hickory ; le flanc de gauche ‘’r’ montre un talon (pour faire office de carre en bois ?)

• Exemple 2 : la coupe dessinée (modèle Gresvig-Østbye de 1937) est décrite comme un noyau central en bois léger protégé sur les 4 faces par des lamelles d’hickory. Il semble aussi y avoir des carres en bois ! 

On retrouve cette disposition sur la photo non datée, qui montre aussi un ski plus large (alpin ??).


• Exemple 3 (brevet Østbye - 1937) :

 il montre le procédé de fabrication du noyau central en lamellé-collé qui sera intercalé en sandwich entre les 2 couches extérieures.

 


• Exemple 4 : coupe d’un modèle US postérieur à 1939 : la structure est plus complexe que précédemment avec 4 couches dont une en bois massif.

                   

-Une pépite : le ski pliant Shafer-Splitkein :

1939 – Fixation spéciale Geze - Peu de données – Probablement suisse ?

L’intérêt réside dans sa construction : la partie centrale (qui porte le mécanisme) est en lamellé-collé à lamelles multiples (une trentaine), imbriqué dans le reste du ski qui, lui, est en bois massif ; c’est cette partie centrale qui est sûrement fabriquée par un licencié Splitkein.

D’autres marques (Kahru par exemple) ont utilisé ce mécanisme, parfois avec une fixation différente.


-Quelques logos et pubs

 



Les « non-Splitkein »

Nombreux brevets et/ou fabricants non licenciés

Pas d’originalité importante, variations sur le nombre et la disposition des lamelles et/ou des couches.             Exemples de brevets :

1937 – Fumagalli (Suisse) 4 couches

1938 – Davidson (USA) 2 couches laminées

1939 – Skida Finland (Suède) 3 baguettes sur chant

1939 - Roth Sœhne (Suisse) 3 couches dont 1 seule sur chant

1940 – Bonna (Norvège) semelle seule en contreplaqué

1942 – Andreef (USA) multicouches refendues

 

Après la guerre, de nouveaux brevets fleurissent et tous les fabricants se mettent à faire du contreplaqué, du lamellé-collé etc…, sans forcément d’évolution marquante (ni d'achat de licence !)

Exemple de ROSSIGNOL 

À partir de ses 2 brevets : FR 859.588 déposé en 1939 et FR 888.077 (= US 2.560.663), en 1942.

Brevet de 1939 :

Il s’agit de 2 couches collées, obtenue par refente seulement partielle. Ce procédé, déjà décrit en Norvège, s’appelle le ‘’contre-collage’’ qui donne un cambre irréversible. Nous n’avons pas connaissance de skis produits avec cette technique.

Brevet de 1942 :

Il s’agit ici d’un ''tri-couches" (2+1). Ici la refente est complète et on obtient 4 parties ‘’contrecollées’’ recto-verso 2 à 2. L’intérêt ici semble plus évident car on obtient 2 skis totalement symétriques avec le sens du bois inversé sur les 2 couches.

La 3ème couche (âme) est prise en sandwich; elles est amincie aux deux extrémités où elle n’est plus apparente. Toutes les couches sont en bois massif.

Le 1er ski produit avec cette structure, était l’Olympique - E.Allais (Oreiller 1948) qui n'avait pas le sticker ''41'' caractéristique.

Le résultat : les Olympiques 41

(voir l’étude détaillée de dans l’article de Maurice Woehrle - lien en fin d'article).

Il y a eu ensuite 2 ou 3 modèles portant le logo ‘’41’’ et seuls les premiers étaient du vrai contre-collage.

Le ‘’41’’ historique était en lamellé-collé 4 couches, structure bien différente de celle du tri-couches du brevet ; c’est du Splitkein (de 2ème génération) et non plus du simple contrecollé comme on le voit écrit partout !

Epilogue

Pour beaucoup de français, le lamellé-collé c’est l’Olympique 41, mais dans la plupart des autres pays, ce sont les Splitkein.

Toujours est-il que le bois lamellé a été une évolution majeure dans la fabrication des skis et il a dominé le marché de l’après-guerre seul d’abord, puis associé au métal et/ou aux fibres (verre, carbone) comme on le voit encore très souvent au 21ème siècle.


§5 - Sources

Hoek, Richardson : « Le Ski » (Traduction de « Der Schilauf ») (Ed. Roux - 1908)

W.Paulcke : « Manuel de Ski » (traduction de « Der Skilauf ») (Berger-Levrault -1910)

Cdt Bernard: « Guide du skieur » (1910) (éd.numérisée)

A.Hermann – J.Dieterlen « Le ski pour tous » (Flammarion – 1926)

Ed.Frendo: « Le ski par la technique française » (Ed.Landru - 1946)

Mémoire Paule BERTHET (privé – 1961)

Sites internet :

https://retro-skiing.com/2011/01/wooden-skis/

https://www.vintagewinter.com/products/vintage-1940s-splitkein-folding-skis

https://www.wildsnow.com/backcountry-skiing-history/binding-museum-backcountry-skiing/dynafit-tourlite-tech-1993/


Merci à Maurice et aux autres membres de l'ASP qui m'ont apporté leur aide.                                                                                      C.Richardin