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ROSSIGNOL: l'Olympique 41

Maurice Woehrle nous a aimablement autorisé à publier son travail sur ce ski emblématique qui est certainement celui qui a véritablement débuté les heures de gloire pour Rossignol. 
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Son histoire

Le nom Olympique a déjà été utilisé par Rossignol sur des skis à structure à deux étages (Brevet 888 077) à la suite de la médaille d’Or en descente de Henry Oreiller à St Moritz en 1948. Le chiffre de 41 est également visible sur des skis de cette même structure. Il peut faire référence  à l’année 1941 qui précède  le dépôt du brevet Rossignol 888077.

Ce brevet décrit une structure de ski à deux étages, le dessous étant en bois sur dosse et le  dessus en bois sur quartier. L’idée vient certainement d’Emile Allais qui pensait que le bois sur dosse glissait mieux et que le bois sur quartier donnait de la nervosité.

Henry Oreiller, J.O. de St Moritz de 1948.


Des exemplaires de ces skis sont actuellement conservés chez des collectionneurs. Leur aspect extérieur correspond aux skis utilisés par Henry Oreiller aux Jeux Olympiques de 1948 à St Moritz, avec lesquels il remporta la médaille d’or de la descente. Faits entièrement en hickory, ils sont particulièrement lourds. On constate sur ces skis que la partie supérieure en bois sur quartier ne s’étend pas sur toute la longueur. Elle constitue le socle épais et plat du repose-pied et elle est visualisée par un à-plat noir pointu aux deux bouts. Les plus anciens ont a semelle recouverte de laque Skiwa rouge, les plus récents ont une semelle en celluloïd.

Ces développements de Rossignol sont techniquement en retard par rapport à la structure splitkein dont l’idée fut développée au même moment aux Etats Unis, par George Åland, d'origine norvégienne et en Norvège par Bjorn Ullevoldsaeter. Elle a été brevetée par ces deux personnes dans chacun des deux pays, à la même date à un jour près en 1933. Le brevet norvégien est plus connu sous le nom d’Oestbye, le fabricant de fart qui en a financé le développement. Il s’agit d’une structure à trois étages, les étages extérieurs sont faits du même bois et sont d’épaisseur constante, l’étage central, en bois plus léger, est profilé en épaisseur. L’objectif était de limiter les déformations comme le voile et le jeté mais les inventeurs ont ainsi créé sans y penser les premiers skis en bois à structure sandwich, les couches de bois de meilleur qualité mécanique étant placé dans les parties soumises aux plus grandes déformations lorsque le ski fléchit.

Coupe longitudinale du ski lamellé breveté en 1933 par Oestbye (K. Berg, Ski i Norge, Oslo 1993)


Le brevet Oestbye a été exploité dans les Alpes par Kneissl (Autriche) et Attenhofer (Suisse) dès 1936. A cette époque, les coureurs préféraient encore les skis en hickory massif.

     L’Olympique 41 historique était bien reconnaissable avec son dessus en bois apparent sous un vernis incolore avec deux bandes brunes en azobé. L'azobé est un bois africain très dense, qui se distingue par sa bonne résistance en compression longitudinale. Il contribuait   certainement à la résistance et probablement au comportement sur neige en relevant légèrement la raideur en torsion.                          

Olympique 41, environ 1965. Taille 210 (Photo Béatrice Koimanov)


L’olympique 41 a probablement été mis au point vers 1950, le concepteur en a été le contremaitre principal Angelo Nocente. 
Le nom Olympique rappelle probablement les médailles d’argent et de bronze de Christian Pravda aux J.O. d’Oslo en 1952









Structure de l’Olympique 41

La structure de l’Olympique 41 est une structure 'splitkein' améliorée dans la mesure où le bois massif est remplacé par des lamelles faites de liteaux collés bord à bord et orientés  de façon que les tensions internes aient tendance à se contrarier.

Coupe dans la partie la plus épaisse du modèle OLYMPIQUE 41: 
Les trois lamelles centrales font partie du noyau. Elles sont en frêne. 
La lamelle inférieure est en hickory. La lamelle supérieure est en hickory et azobé. Les arrêtes supérieures sont protégées par des joncs en Celluloïd. 
Les carres sont segmentées et vissées. La semelle est en celluloïd ou en polyéthylène.

Fabrication des lamelles et des noyaux

  On assemblait par collage 4 ou 5 planchettes pour obtenir des plots à plusieurs couches qui étaient ensuite sciés perpendiculairement au plan de collage. On obtenait ainsi les lamelles propres  à la fabrication. 

Les unes, longues et en bois de première qualité (hickory ou hickory + azobé) étaient destinées à être le dessus ou le dessous des skis. Les autres, une longue et une ou deux plus courtes, étaient collées, superposées en gradins, pour constituer l'ébauche du noyau. 

Le calibrage de l'épaisseur du noyau suivant une courbe donnée (le gainage) était fait par rabotage des ébauches, plaquées par des rouleaux presseur contre une forme en creux (gabarit de gainage). Il y avait un gabarit par modèle et par taille de ski et parfois plus suivant la souplesse désirée.

Plot de quatre planchettes, débit en lamelles perpendiculairement au plan de collage, disposition des lamelles pour la fabrication de l’ébauche des noyaux.

Dessous de l’Olympic 41. Semelle en celluloïd et carres plates segmentées vissées. Saison 1956 -57 (Photo B. Koumanov)



Collage du ski 

Le processus de fabrication consistait pour l’essentiel à réaliser des ébauche à bords parallèles ayant l’épaisseur, le cambre et la courbure définitifs. Le collage des trois lamelles de bois et de la semelle plastique quand elles ont été introduites, était effectué entre formes et contre-formes serrées manuellement à l'aide de boulons. L’ensemble était poussé dans un four chauffé par radiateur. C'était encore ainsi chez Rossignol en 1960. 

Ultérieurement, les formes furent montées sur des presses à vérins hydrauliques chauffées électriquement. Les semelles en polyéthylène remplacèrent celles en celluloïd. L’usinage de largeur fut effectué sur des machines à deux têtes (toupie double) avec gabarit amovible en fonction des tailles de skis.

                                                                                                    Maurice Woehrle



Photo d'un des premiers modèles: