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FIXATIONS §6: Inserts Talon FIXABLE

C’est seulement après-guerre que la nécessité de bien fixer le talon pour la randonnée dite ‘alpine’ s’est généralisée.
Pour le pratiquant ‘lambda’ du 21ème siècle, INSERT = LOWTECH. Mais d’autres systèmes ont existé et nous allons les voir.
À signaler en fin d'article, un chapitre annexe sur une fixation qui aurait pu inspirer la Low tech.

Pour commencer : une belle inconnue !

La collection Donzé contient une fixation tout à fait originale, sans nom ni origine connue, mais très probablement suisse : elle présente un système d’insert pouvant fixer le talon pour les descentes et le débloquer pour les montées.

Il s’agit sans doute de l’exemple le plus ancien d’insert de talon car on peut certainement le dater des années 50 ou 60.

C’est une vraie ‘’usine à gaz’’ mais très astucieuse et apparemment bien construite (à la suisse); le poids doit être assez conséquent !

Description

Sur la fixation :

• 2 petits étriers articulés suivant 2 axes :

-       Transversal classique pour la rotation de la chaussure

-       Latéraux (D et G) pour suivre l’angle formé par la semelle de la chaussure. 

• Chaque étrier porte 2 ergots mâle (‘’pin’s’’).

• 2 leviers commandant chacun un excentrique à biellette : à G pour la commande AR, à D pour la commande des étriers.

• Une lame coulissante qui passe sous l’étrier.

Sur la chaussure :

• À l’AV : 2 cornières vissées et comportant 2 trous (logement des ‘’pin’s’’)

• À l’AR : une cornière fendue vissée avec un logement femelle transversal.

Fonctionnement

Les étriers sont réglables :

-       en écartement, par un manchon fileté agissant sur un petit câble entouré de ressorts

-       en angulation, par un câble en ‘V’ commandé par le levier de D. Sur la photo, il est en position serrée.

Pour chausser : la tension du câble resserre les étriers dont les ergots viennent s’insérer dans les trous prévus sur la chaussure.

• Pour bloquer le talon, on relève le levier de G : ça recule la lame coulissante qui vient s’insérer dans le logement du talon. Sur la photo, il est ouvert (talon libéré).


La BARTHEL  - A – 1982…83  

Un autrichien, Fritz Barthel, pratiquant la randonnée alpine, trouve que la semelle des fixations de l’époque (Iser etc…) fait double emploi avec la semelle de la chaussure.

En 1982, il débute les essais de son invention avec une fixation bricolée. (mais ce n’est pas son système LowTech qui a suivi 3 ans + tard).

Les brevets, déposés en 1983, sont enregistrés en 1984 (AT 376.577 puis A 157.583 identique). 

Barthel usinait et posait les inserts lui-même. La diffusion a été confidentielle, limitée à quelques copains.


Les inserts (6) étaient ‘’mâles’’ et dépassaient donc de la semellede la chaussure (3) : ils correspondaient à 2 logements ’’femelle’’ (10) situés à l’extrémité de 2 bras (21) dont l’écartement était commandé par un seul levier (17)(20) : fermé, il pinçait la chaussure2.

On remarquera sur le dessin du brevet, que l’insert (5) était en réalité monobloc et traversait toute la semelle ce qui devait en simplifier la pose !

Seule la butée était innovante car la talonnière était une Ramer pivotante (USA) et ne nécessitait pas d’insert à l’AR. 


COMMENTAIRE :
1) On retrouve ici le principe des inserts mâles de la fix. Couttet de 1905 ou de l’Otto Schmidt de 1912, cette dernière ayant, en plus, un levier horizontal.

2) On trouve aussi des ressemblances avec la VELF des années 20 : fixation inconnue à talon libre, vue seulement en texte et dessin dans ‘’Le ski’’ (Mückenbrün – 1930). On y trouve le levier horizontal qui commande l’engagement des tenons mâles dans les inserts.



La SILVRETTA SL (D – 1993…97)

Un essai dans la famille des inserts et abandonné 4 ans plus tard.

Brevet (D-402.775) déposé en 1989, enregistré en 1990.  Mais ce brevet ne montre pas la butée avant réellement commercialisée en 1993.


Pratique :

L’insert (femelle) se limitait à une petite gouttière métallique sur chaque bord de la semelle. 

- Pour la montée : les montants d’une pièce en U articulée (7), venaient s’y emboîter, faisant donc office de pièce mâle. Un levier venait bloquer le bord de la semelle.

- Pour la descente : la pièce en U se relevait au-dessus de la butée et permettait le recul de la chaussure pour utiliser la talonnière ; celle-ci était reprise du modèle 400.

Les sécurités étaient donc regroupées à l’AR comme sur toutes les autres Sivretta.



Commentaires

Cette fixation, bien que peu diffusée, était pourtant très intéressante pour plusieurs raisons :

- simplicité mécanique (pas d’automatismes).

- fiabilité : pas de ressorts dans la butée et talonnière éprouvée.

- légèreté : 990g la paire.

- inserts AV simplifiés et inutiles à l’AR.

Mais elle n’a pas eu le succès escompté parce que… 

- les chausseurs n’y ont pas cru : très peu de modèles étaient équipés*.

- la mode était au chaussage automatique qu’elle n’avait pas.

- et, surtout, elle a eu la concurrence de la LowTech (cf ci-après).

(*ScarpaNordica et Dachstein (la seule à avoir les 2 systèmes d’inserts SL et LowTech)


 

C’est le système qui a révolutionné la fixation de rando et que l’on retrouve, toujours 30 ans + tard, sur la majorité d’entre elles.  

L’exhaustivité de cette étude s’arrêtera en 2008, car en 2007 le brevet LowTech était tombé dans le domaine public et le nombre de fabricants et modèles sont devenus rapidement trop importants pour être détaillés.

Ces 3 dates :  19861990 et 2008  sont la « clé » de leur histoire :

Les LowTech Barthel (A – 1986…89)

1986 : Enregistrement du brevet (199.098) de la 1ère ‘’vraie’’ LowTech, déposé par Fritz Barthel l’année précédente.

Il repose sur :

- une butée avant à chaussage automatique ; pincement de la semelle par 2 ergots (‘’pins’’) mâles faisant office d’axe de rotation.

- une talonnière pivotante à 3 positions : 1 et 2 pour dégager le talon à la montée (avec et sans cale) ; 3 pour le bloquer à la descente par 2 tiges sur ressort.

- 2 inserts femelles sur l’avant de la semelle + 1 insert femelle sur l’arrière.

Le blocage de la butée se faisait par rotation du levier antérieur, et les sécurités ne sont réglables qu’à l’AR.



La fabrication est restée artisanale et, entre 86 et 90, la production des 3 versions n’aurait pas dépassé les 1000 paires (dont très peu importées en France). Ci-après les 3 versions :

La version 1 (1986)

C’est la première réellement commercialisée (une dizaine ?) surtout en Italie et pour un usage compétition. Barrette AV à dureté réglable par goupille. Pas de réglage de pointure.

La version 2 (1986)

La version 2 est pratiquement identique sauf pour la barrette avant qui porte une courte glissière.

La version 3 (1987)

C’est elle qui va devenir ‘’Dynafit’’ 3 ans + tard : le carrossage de la talonnière est différent et le blocage du levier se fait par un excentrique.

 Elle n’est commercialisée qu’avec LA chaussure Dynafit TL. P=660g

Les inserts

Ils sont vissés directement dans la semelle. 

À noter qu'en 2004, Barthel a déposé le brevet d‘un 2ème type d’insert avec gouttière-guide. Cet insert se généralise rapidement du fait de la facilitation du chaussage qu’il apporte).

 

Les Tour Lite Tech Dynafit (A -1990…2007)

Schéma de la naissance des LowTech et TLT




























1990 : brevet et fabrication sont repris par Dynafit et les modèles produits s’appellent dorénavant « TLT » (Tour Lite Tech) ; mais le terme « LowTech » continue à être souvent utilisé, devenant ainsi un nom générique pour les fixations récentes à insert.

Les fabrications des fixations et des chaussures sont couplées (un seul modèle au début) : une commercialisation efficace démarre (13.000 paires entre 1990 et 2000).

TLT 1 (1990) 

P= 690g (la paire). C’est exactement le modèle 3 de Barthel mais en violet. Elle n’est vendue qu’avec la chaussure Tour Lite ce qui en fait un ensemble très cher.

TLT 2 (1992)

P =700g la paire. C’est la 1ère « vraie » Dynafit dans laquelle on notera les modifications qui se retrouveront dans les futurs modèles. 

- au niveau de la butée, le levier est désormais carrossé avec 2 crans de blocage interne.

- la talonnière est un peu modifiée : elle permet une position à plat et un réglage sur 2 pointures.

TLT 3 (1994)

Peu de différences avec la TLT 2 sauf apparition du système de fixation des couteaux.

TLT 4 (1996)   Apparition de stop-skis.

TLT Tristep (2000)Carrossage différent. 3 réglages de pointure. 750g la paire sans freins-skis.

TLT Speed (2002 et 2005)

P= 740g la paire. Évolution (mineure) de la TLT 3  versions sans différences notablesC’est une version emblématique, car, 20 ans après ses débuts, elle est toujours au cata­logue, quasi-identique !

TLT Comfort (2004)

P= 760g la paire. Modification de la talonnière et de la cale de montée ; légère augmentation des pointures acceptées ; prévue pour stop-skis optionnels. 

TLT  Race TI (2005); …Speed Lite et … TLT Vertical Race (2006)

Poids entre 550 et 360g la paire.

• 3 versions allégées (« TI » = titane) pour usage compétition ; les 2 premières sans cale de montée. 

• 3 versions « tourisme » pratiquement identiques sauf stop-skis. P= 1000g la paire.

Low Tech Race (2007)

P= 320g la paire. Nouvelle talonnière allégée et non réglable. 

À noter la réintroduction du nom ‘LowTech’ qui restera utilisé dorénavant à la place de TLT, pour toutes les versions avec cette mini talonnière.

2008  Les ‘’LowTech’’ après 2007

Les brevets LowTech sont tombés dans le domaine public et donc le respect de leurs caractéristiques n’est plus obligatoire : marques et modèles se multiplient, se spécialisent, gagnant même des fixations de télémark, de rando nordique ou de saut. 

Leur seul point commun est l’utilisation des inserts antérieurs et encore… ! En effet, certaines semelles et butées ont actuellement des inserts spéciaux qui obligent à avoir des chaussures spécifiques.

Nous nous contenterons de montrer quelques modèles qui sortent du lot, laissant l’historique exhaustif pour nos successeurs ! 

La plus ancienne : Dynafit TLT Speed Turns

C’est pratiquement celle qui est au catalogue depuis 2002 et y est toujours en 2022 comme modèle d’appel bon marché. P=740g la paire.

La plus lourde : Marker Kingpin

Fixation hybride, orientée « freeride » : inserts LowTech AV + talonnière classique. Certifiée ISO 13992. La talonnière n’utilise pas l’insert, mais nécessite un adaptateur spécial sur la chaussure !               P= 1460g la paire !   

La plus légere : Dynafit DNA

En carbone ; s’affranchit totalement des normes Lowtech. Rachat d’un brevet français (Gignoux). Usage compétition exclusif. P= 150g la paire (sans les vis).

La plus sûre ??: Diamir Vipec

La version 3 (après les déboires des 2 premières) est maintenant certifiée ISO 13992.   P=1200g (la paire). 

Sa butée rotative, réglable, assure la sécurité latérale. La talonnière n’assure que la chute avant.

La plus française (la seule ?) : la PLUM

Excellentes fixations en alu massif, guère plus chères que les autres. P=670g

La plus futuriste : la « Toe -Tech »

Vendue en kit pour adaptation cutanée directe de la butée LT. P=5g. Sortie prévue pour le1er Avril 2045.




Évolution de ces fixations à insert

La vague LowTech a relégué les fixations à plaque ou à rail à la pratique du ''free…ride (…rando etc…)'', activités où la montée n’est pas prioritaire et où le poids compte moins.

Malgré les systèmes d’aides, le chaussage des LT reste quand même quelques fois très ‘’délicat’’ et demande une pratique suivie pour pouvoir chausser facilement dans toutes les circonstances. De plus, la nécessité d’avoir des chaussures spéciales grève sérieusement le budget, d’autant que certaines fixations ne s’adaptent qu’à une chaussure dédiée.

Nous rappelons aussi la problématique de la sécurité (voir §4) qui peut se résumer ainsi : sécurité et allègement ne font pas bon ménage !


Conclusion : ces fixations ne sont guère adaptées aux débutants et/ou aux simples « contemplatifs », pratiquants pour qui le critère ‘poids’ est secondaire: mais il y a un effet certain ‘’mode compétition’’ comme celui qu’on voit pour ces cyclistes du dimanche matin qui ont l’air d’échappés du Tour de France !


ANNEXE : Barthel s'est-t’il inspiré d'un brevet de 1923 ? 

 

Brevet Henry Bourquin n° CH 100.730 du 16/8/1923 ; une commercialisation paraît avoir été peu probable mais la question vaut d'être creusée et posée !

 

On remarquera les 2 tenons (= des ‘’pin’s’’) montés sur de petites pièces coudées formant basculeurs ; elles sont reliées par un ressort transversal situé sous l’étrier, dans une rainure. 

Ces tenons s’encastrent au bord de la semelle de la chaussure, dans des logements ‘’femelle’’ : ceux-ci sont creusés dans les pièces métalliques intermédiaires vissées sous la semelle.


Les points de ressemblance avec la LowTech sont indéniables surtout si on en lit (et comprend) bien le fonctionnement !

-           • Au repos, les basculeurs (5) font saillie sur l’étrier, maintenus écartés par le ressort.

-          •  A l’appui de l’avant de la chaussure sur les basculeurs, les tenons (11) se rapprochent et rentrent dans les logements latéraux (15) de la pièce de la semelle. Le ressort est tendu.

-          • L’écartement des tenons est provoqué par un appui de la pointe du bâton sur la pièce 12, solidaire d’un des basculeurs qui soulève ainsi la chaussure, et le ressort soulève l’autre basculeur.

 

Donc il s'agit bien du principe de fonctionnement de la butée Barthel de 1986 ; et dans le brevet Barthel, nous n’avons pas vu de mention du brevet Bourquin ! N’en avait-il pas eu connaissance ??


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FIN DES ARTICLES SUR LES FIXS. À INSERTS

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