Cet article vient compléter et détailler l'article [FIXATIONS §1: Une histoire de talon libre].
Il s’agira donc dans cette première partie, de fixation dites ‘’nordiques’’ en sachant que la différenciation nordique/alpin ne date que des années 30 et n’est souvent que sémantique ! Cette suite sera traitée dans l'article §6.
PS: nous ne traiterons que des modèles réalisés (vus dans des collections ou sur des photos ou catalogues). Sauf exception, les modèles vus seulement dans des brevets ne seront pas pris en compte !
INSERTS « VRAIS » OU COMPLETS
Par ‘vrai’ insert, nous entendons un système complétement inclus entre les étriers : la semelle de la chaussure y est bloquée directement aussi bien vers l’AR que vers le haut.
La COUTTET – F - 1905
Cette fixation fait l’objet d’un article annexe séparé (§5a- lien en fin d’article) car c’est une ‘pépite’ que nous avons la chance d’avoir retrouvé chez un descendant de l’inventeur.
Dans cet article nous évoquerons d’autres fixations lui ressemblant (dérivés, copies ou prototypes ?), mais dont la commercialisation n’a pas été certaine.
L’OTTO SCHMIDT – D – 1912
Elle nous a été révélée dans le livre de Jürg Hess (page 44).
C’est une fixation compliquée, mais l’étude de son brevet montre des fonctions très en avance sur leur temps et qui nous ont donc incité à en parler en détail.
Histoire
Otto Schmidt est allemand et publie un brevet (n°438.639) en 1912. Mais les illustrations du livre (avec un autre n° de brevet, n°246.453, non retrouvé) montrent quelques différences et se rapportent sûrement à une variante ultérieure.
Cependant le 1er brevet permet de mieux comprendre le fonctionnement.
Description
Le levier est destiné à bloquer/débloquer l’étrier. En-dessous, il y a une petite lame de ressort qui se trouve comprimée par le levier quand il est mis dans l’axe du ski (position fermée).
Les joues, en forme de ‘’L’’, sont mobiles (léger écartement possible) et comportent un logement pour les ergots des inserts de la chaussure.
La fixation est censée assurer un déchaussage automatique en cas de chute.
• Pour chausser : levier en position ouverte (transversale).
L’appui de la chaussure sur la base des ‘’L’’ rapproche les joues, emprisonnant les ergots de l’insert. Le levier est alors mis en position axiale pour verrouiller l’ensemble.
• Pour déchausser : on tourne le levier : ça débloque le ressort et entraîne une remontée de la semelle et l’écartement des joues qui libère les ergots.
Le tarage du ressort est sûrement prévu pour permettre l’ouverture en cas de forte pression d’où la sécurité en chute avant prévue.
En conclusion : on comprend l’intérêt de cette fixation quand on a fait le rapprochement avec le fonctionnement de la butée LowTech 70 ans après !
Commercialisation
Nous n’avons jamais vu cette fixation ni dans un catalogue, ni dans un musée: seule la photo du livre atteste de sa réalité. La commercialisation (s’il y a eu !) a dû être limitée (prix, fiabilité… ?)
La BERGENDAHL – N – 1914
(cf article annexe §5b- lien en fin d’article)
La SCHIESS – CH – 1922
Historique
En 1920 Adolf Schiess (La Chaux de Fond) dépose un 1er brevet de fixation.
3 brevets entre 1920 et 1924 (dates de dépôt /…d’enregistrement) :
• N°1 (1920/1922 – n°93.314) : inserts latéraux à glissière. Seule cette version était réellement ‘’à insert’’.
• N°2 (1923/1925 – n°108.294) : montre l’insert pivotant sur l’avant de la semelle.
• N°3 (1924/1925 – n°1.553.475) : on voit apparaître une bride talonnière, et c’est apparemment la version commercialisée, celle que nous avons vue au MTM qui n’est donc plus exactement ‘’à inserts’’ !
Description (version 3)
Les étriers servent seulement de guide latéral. L’insert se comporte comme un crochet qui s’encastre dans la pièce antérieure, solidaire du ski.
Commercialisation
Assurée par la société ‘’AS Geneva’’ avec une garantie de 5 ans. Prix en 1925 : 25F, donc cher (une Bilgeri valait 18F à l’époque).
La SILVESTRI - i – 1932
L’italien Enrico Silvestri, skieur militaire classé aux JO de 1928 et fondateur de le ‘’Scuola Militare di Alpismo’’, est surtout connu par ses brevets de skis pliants pour son armée.
Le brevet FR 681.915 (1928/30) est celui de la butée, remarquable, car c’est la première
apparition de ce qui va s’appeler des ‘’pin’s’’ au 21ème siècle (des pièces ‘’mâles’’ pointues s’insérant dans des emplacements ‘’femelle’’ de la chaussure).Le pin’s G est fixe ; grâce à un mini-levier rotatif, le pin’s D se visse sur le bord de l’insert de la chaussure : chaussages et déchaussages étaient donc surement lents, défaut important pour les militaires.
La HEISS-HUBMER - A – 1929
Brevet CH147.184 (1929/31). Système très simple d’inserts femelle sur la semelle, se glissant dans les guides sur la face interne des étriers. Blocage par bouton sur ressort sur l’étrier.
La FOUCHARD – F – 1934
LES ‘’DEMI-INSERTS’’
Il s’agit de fixations également sans bride talonnière mais ici le système de tension/blocage nécessite un bridage antérieur.
La SOLBERGS – N - 1892
La BBB - CH - 1912
(Bjørnstad Bindung Bern)
Bjørnstad était un skieur norvégien réputé qui enseignait le ski en Suisse au début du siècle.
Sa fixation daterait de 1912* mais nous n’avons pas retrouvé de brevet.L’insert est un crochet fixé sous la semelle, tiré dans l’étrier par un levier.
Fixation assez chère (Ex.catalogue Gleize 1928: elle était à 90F avec étriers Huitfeldt et 120F avec étriers Alpina. ; en même temps une Huitfeldt ou la Couttet étaient à 35F).
Commercialisée jusqu’à la fin des années 20.
La ‘’X’’ – début du siècle
Nous avons découvert dans la collection de Daniel Liprandi, une mystérieuse fixation sans aucune marque et que nous n'avons pas encore pu identifier.
Nous pouvons la dater du début du siècle ou années 20 au + tard: en effet, l’étrier est doublé cuir, le levier est en laiton, le ski a une mortaise et la chaussure paraît vraiment archaïque.
La BEETSCHEN - CH -1922
7 brevets au nom d’Eduard Beetschen, étagés de 1909 à 1934. Mais seul celui de 1922 (D 362 720) correspond à la fixation que nous connaissons.
Elle est souvent décrite comme une BBB améliorée, et on trouve quelques différences entre les Beetschen suivant les époques.
Ce système permettait d’utiliser les divers étriers standards de l'époque.
La BÄCHTOLD - CH – 1925
Vue seulement dans la collection et le livre de J.Hess (p 72) ainsi que dans des catalogues.
Nombreux brevets entre 1915 et 1937 (les derniers au nom de Marie Bächtold), mais aucun ne montre la fixation commercialisée et seuls 2 peuvent nous intéresser :
• Celui de 1915 (CH 71464): étrier et tendeur copie du Bergendahl !
• Celui de 1920/21 (CH 88577): on trouve le ‘’bon’’ levier mais il commande une courroie talonnière; c’est ce brevet qui semble donc avoir évolué vers le modèle connu.
Les image ci-contre sont tirée d’un catalogue de 1925 et du livre de J.Hess =>
La POPULA Plin-Up – F- ?
Pas de renseignements précis : les seules que nous connaissons sont dans les collections Tinguely et Bourquin. On peut la dater des années 30/40.
Le mécanisme est très simple et il ne s’agit pas d’un véritable insert sur la chaussure, mais d’étriers spéciaux venant bloquer la semelle grâce à un fort ressort ; pour sortir la chaussure, il faut appuyer sur le ressort avec le bâton.
L’INGAB Hakerl – D - 1934
Fixation trouvée sur un catalogue Ingab de 1934 (donc commercialisée). Les ROTTEFELLA (Bror-With) – N - ≥1927
L'entreprise était située à Asker (district norvégien de Klokkarstua)
• La ‘’Z’’ (1927):
Cette dénomination ‘’Z’’ ne semble pas officielle mais est retrouvée parfois dans la littérature.
C’est l’apparition de ce qui allait devenir, après la guerre, la ‘’Norme 75‘’ pour du matériel purement 'nordique'.
Il s’agit du brevet Bror-With n°130.458 - 1927/28 ; il reprend le principe du brevet Seeberg n°27.751 (associé à celui de la Bergendahl) de 1913.
• La SNABB (1949)
Fabriquée en Suède (sous licence ?): nous avons ici une vraie ‘insert’ car des logements ‘femelle’ sont vissés dans la semelle et les éléments ‘mâle’ sont devenus des gros picots (maintenant dénommés « pin’s »).
La mystérieuse ‘’Langlauf” – A - ±1935 ?
• 3 ne portent aucune marque et 1 en a une (ELGE) inconnue (col.Donzé).
• 3 sont montées sur des skis de la Wehrmacht et 1 est sur des skis apparemment standards (col.Donzé).
• 3 sont accompagnées de la sur-chaussure dédiée (sauf col.Richardin).