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L'ENVERS DES SKIS: §1 les semelles

 Le collectionneur qui n’a d’yeux que pour le dessus de ses skis, se prive souvent de découvertes sur ‘’l’envers du décor’’ : nous allons essayer d’éveiller son intérêt dans ces trois articles: SEMELLES et CHANTS (§1 et §2) puis, le + important LES CARRES (§3)

§1 – LES SEMELLES

LES MATIERES

Le bois:

Ce matériau ancestral est peu glissant, s’use vite et est poreux surtout pour les bois tendres comme le bouleau utilisé autrefois pour les skis nordiques ; le frêne l’est un peu moins et l’hickory, encore moins.

Cette porosité, qui favorise l’humidification donc le bottage, doit être éliminée par préparation de la semelle :

par goudronnage annuel dont on voit encore souvent les traces sur des vieux skis. 





• par imprégnations, à chaud et répétées, d'huile de lin et/ou de paraffine.
•  par une LAQUE (plus tard, dans les années 40):  sorte de vernis* qu’il fallait aussi renouveler régulièrement : la laque plus utilisée en France s’appelait Skiwa et était rouge.                          *) ne pas confondre avec un fartage (non traité dans cet article).
 
                                            
L’usure du bois, inévitable, était surtout gênante aux angles à qui, seul le rabotage, apportait un peu d'efficacité (voir §3 sur les carres).

La bakélite :

Utilisation anecdotique en 1934 pour le ski lamellé-collé Davidson. (source Encyclopédie du ski -Bompart).

Le métal :

Le métal ne glisse pas bien dans certaines neiges et ne retient pas du tout le fart : cette voie a été rapidement abandonnée après quelques tentatives infructueuses : exemples…
Le cuivre:
1916 : la société SCHOOP (CH) spécialisée dans la projection de métal, fait un proto de ski en aluminium avec une semelle en cuivre pulvérisé. 
L’aluminium : 
1929 : Commercialisation d’une semelle en alu brut par le suisse GEBRAC.

Le celluloïd : 

C’est considéré par certains comme la 1ère matière plastique (nitrate de cellulose+ camphre+ acétone) : inventé à la fin du 19ème siècle et amélioré progressivement.
Léger et résistant aux entailles, bien glissant dans les neiges sèches, thermo-formable et retenant bien le fart, mais extrêmement inflammable.
Après des utilisation en semelle, il n'a plus été utilisé qu'en carres supérieures de protection.

• 1936 : la ‘’SAHY’’ (CH)

Brevets 1936 L.Sahy et A.Badan (CH189670 et US2142459) : portent sur le dessin d’une semelle anti-recul en « matière glissante » mais sans en détailler la nature.
Commercialisation en 1937 en celluloïd vert avec gravure anti-recul.

1944 : La ‘’CELLOLIX’’ (F)

Produite par Dynamic et utilisée aussi sous ce nom par Rossignol pour l’Olympique de 1962.
Elle était présentée comme une première mondiale de semelle plastique ! Réputée pour sa résistance aux cailloux, elle présentait malheureusement des difficultés de collage et un tuilage au vieillissement (sources M.Woehrle).

1948 : La ‘’TEY Tape’’ (USA)

La TEY Manufactoring produisait le ski TRUE-FLEX en alu. (cf ‘Epopée du ski métallique’ §3) avec une semelle collée en celluloïd.
Elle était vendue en rouleau auto-adhésif pour les autres fabricants : Head par exemple l’a utilisée. La variété utilisée sur le True-Flex était noire, mais celle qui était commercialisée était jaune (source J.Leich).

Le PVC :

Polychlorure de vinyle : vrai plastique utilisé depuis la fin des années 20 et encore très largement actuellement (mais pas pour les skis !)

Exemple en 1948 : le ‘’LUCOFLEX’’ de Rossignol. (source M.Woehrle).

Le polyéthylène (PE) :

Ce plastique va devenir rapidement la référence du fait de son excellente glisse dans toutes les neiges et d’une résistance correcte: il est toujours à l’honneur actuellement.

Invention couverte par 3 brevets d’autrichiens :

- celui de W.Kreidl déposé aux USA en 1949, enregistré en France en 1952 (FR1.017.768).
- ceux de W.Kofler qui dépose son 1er (AT175.957) en 1951 (enr.1953) : un peu différent du brevet Kreidl par ajout de paraffine.
- Et surtout son 2ème (AT178.576) de 1952 (enr.1954) qui ajoute un support textile permettant de rendre collables les bandes de PE.

Première commercialisation en 1954, en Suisse, par IMS (Montana Sport) sous le nom de ‘’P-TEX’’.
Puis chaque fabricant de ski a son PE : par exemple, le ‘’NALTÈNE’’ chez Rossignol qui utilise le 2ème brevet Kofler et sera utilisé d’abord sur le Métallais en 1957 (source M.Woehrle).
Ce PE devient ensuite « HPM » (Haut Poids Moléculaire) et il est extrudable. 

Puis, pour les semelles dites « tranchées », le PE est « THPM » (Très Haut Poids Moléculaire) non extrudable mais seulement fritté ; glisse et résistance sont excellentes (source M.Woehrle).
Les semelles deviennent aussi plus ou moins transparentes et peuvent parfois servir d’élément de décoration et/ou de pub. 

Exemple Dynamic en 1990 :

Autres matières (source M.Woehrle)

• Le FORMICA®

Papier kraft imprégné de résine à chaud, inventé aux USA en 1913. Utilisé pour les prototypes du Head (fin années 40).

• La résine époxy :
Ex. :  le ''TEMPORIT’ d’Attenhoffer’ en toile imprégnée de résine (1946)   =>

Le carbone :
Utilisation récente en association avec du PE: dureté excellente et effet tribo-électrique.

LE RAINURAGE

Le skieur d’aujourd’hui a peut-être remarqué que ses semelles étaient totalement lisses alors que celles de skis anciens avaient une longue rainure médiane.

La rainure est destinée à améliorer la stabilité directionnelle en ligne droite ; plus elle est profonde et longue, moins le pivotement du ski était facile : or cette facilité est recherchée pour le ski de piste traditionnel, d’où, depuis les années 80, la disparition de la rainure.

Cette disparition a été progressive, passant du large creusement des skis norvégiens anciens à la goulotte profonde semi-cylindrique puis à la simple encoche aplatie à bords obliques et sur seulement une partie de la longueur.

Le rainurage persiste encore sur certains skis nordiques et sur des alpins très spéciaux. Mais une rainure trop marquée rend le ski ‘’hyper-réactif’’ voire dangereux.

Nous noterons aussi, qu’à la fin du 19ème siècle, les ‘’Alpenskis’’ du visionnaire Zdarski, n’avaient pas de rainure.

Le ‘’multi-rainurage’’:

La stabilité en ligne droite est augmentée par la longueur du ski et/ou la longueur du rainurage : d’où un ajustement par le nombre de rainures comme le montrent ces 4 exemples:

• Maréchal compact (160 x 9cm) (années 50): environ 2m20 de rainure.

À noter ici que la semelle (celluloïd) est composée de 5 plaques emboîtées. Dans les 2 rainures, le bois est à nu, simplement protégé par de la laque.  =>


• Rossignol de saut (240 x 8,3cm) : environ 6m de grosse rainure à bords arrondis.  =>




• Fischer Alusteel de descente (225 x 7cm) : environ 10m de petite rainure.  =>



• Attenhoffer Metallic (215x7cm) (années 50): environ 16m de petites rainures.  =>




Quelques cas particuliers :

• Rainurage par stries :

Micro-stries longitudinales destinées sûrement à améliorer la glisse.
Exemple sur ces ski DURET (F) des années 80        =>

• Large rainure médiane :

Le cas de la semelle GEBRAC (CH) (Rainure ou larges carres en relief ??) :

• Nervure (= rainure ‘’inversée’’) !

Le seul exemple connu : le ski SAIA (CH) de 1934. On devine le comportement obtenu en neige dure !

Cas des semelles anti-recul

Seulement évoquée ici avec la Sahy, cette catégorie sera traitée dans un article spécial, en même temps que tous les autres systèmes anti-recul.

Exemple avec la semelle Vicki => 

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§2 - LES CHANTS*

Les côtés des skis (leurs flancs) sont souvent orthographiés ‘'champs'' alors que le vrai terme est 'CHANTS' (penser au terme de menuiserie: ''chantourner''). Aussi, il peut arriver que le nom incorrect apparaisse ça et là dans des documents.

Quoiqu'il en soit, ces chants-champs sont les parents pauvres de la ''com" des skis:

effectivement, leur rôle n’est que secondaire et il y a peu de découvertes à faire de ce côté.

Skis bois 

Pas de discontinuité avec la semelle tant qu’il n’y a pas de carres. Mais à noter que dans les années 30/40, il y a eu plusieurs productions de carres verticales, fixées sur les chants (voir §3-les carres)

Skis à noyau bois ou autre

Les flancs de ce noyau n’apparaissent que très rarement car, en général, ils sont protégés par un chant intégré au noyau lors de la fabrication..

• Exemple de champ bois avec le Métallais:


<= Mais des chants en plastique se sont rapidement imposés et généralisés :  exemple avec l’Allais 60 (chant lamifié phénolique) qui semble avoir été le premier chez Rossignol.

• Exemple de chant métallique : voir çi-après Dynamic 70.

Skis métal emboutis

C’est un cas particulier car ce genre de skis n’a pas de chants, ou du moins, que des chants très minces(*). C’est essentiellement ceux des skis Aluflex (années 50/70) mais aussi de raretés comme des skis américains (Short Supply ou AirSki des années 60). 

Ces chants facilitaient grandement l’évolution dans les neiges profondes qu’ils coupaient facilement.


(*Les métalliques ‘’sandwich’’ ont aussi des flancs minces mais moins minces que ceux-ci.

Trois cas particuliers

- Les skis SCHICK Reform

Allemagne - années 20 et début des années 30. Profil tout à fait particulier et original (le seul connu ??): dessus creusé et, sous le patin, chants inclinés inversés (en ''V''), ce qui donne une semelle plus étroite que le ski; tout le contraire de l'Aluflex et du TUA (voir ci-après).


- Le Dynamic 70

Protection métallique des chants (brevet Michal 1.580.326 -1968/69).
Sur cet extrait du brevet, on voit que les entailles permettent les variations de courbure. 
Le chant est en  Duralumin et protège bien la carre contre les chocs.



Le ‘70’ semble être le seul ski avec ce genre de montage : n’aurait-il pas tenu toutes ses promesses ??

- Le TUA Exalibur

Ski italien des années 80, pouvant être considéré comme le dernier ski de randonnée tout terrain, toutes neiges : en effet, outre sa spatule très relevée, ce ski bénéficiait des chants inclinés (plastique) permettant de ‘’couper’’ la neige latéralement ; on retrouvait un peu de l’aisance des Aluflex dans les grosses neiges ‘’inskiables’’.

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