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Le T.E.Y Alu 60

" L'ALFA DE L'OMEGA "






Le fil de cette étude sera le profilé métallique en forme d’oméga (Ω) utilisé comme raidisseur dans la structure d’un ski dont la 1ère application commercialisée a été ‘notre’ Alu 60[1].

Il tient le rôle de “mâle alpha“ (= le chef de file) dans la grande famille des skis dits “oméga“, celle qui a connu la célébrité avec l’Aluflex puis le MV2 chez Dynastar.

 

Mais quand on sait que l’Alu 60 n’a pas été commercialisé ailleurs qu’aux USA et en petite quantité, la présence de plusieurs exemplaires en France est un mystère.

Nous arrêterons notre article à la naissance de l’Aluflex dont l’étude prendra le relais (article détaillé ultérieur).

• Le grand-père français oublié

Le profilé alu en oméga apparaît pour la 1ère fois en 1937, en France, avec le prototype d’André TOURNON, ingénieur à l’Aluminium Français (AF). L’assemblage était fait par rivetage[2].

Nous n’avons retrouvé aucun brevet correspondant, ni aucune citation dans d’autres publications ; sa filiation avec ‘notre’ Alu 60 n’est donc pas ‘officiellement’ reconnue, mais elle est évidente quand on compare les coupes.

• La naissance en 1947 (USA)

Le père est un trio d’ingénieurs[3] de Chance-Vought-Aircraft’ : en 1946 ils avaient conçu et fabriqué un ski alu/bois, le Vought Metallite[4] dont la fabrication a été stoppée rapidement. Ils quittent alors Vought pour fonder la société ‘TEY Manufacturing’ et rester dans l’industrie du ski.

Mais n’ayant pas eu le droit d’utiliser les brevets Vought, ils créent un ski tout alu (sans bois du tout) collé métal/métal (colle Redux) : c’est « l’ALU 60 » qui va être fabriqué seulement quelques mois. 

La semelle est de l’alu brut.

Les utilisateurs s’aperçoivent rapidement « …qu’il est ‘inskiable’ dès que la neige durcit[5] » et, en 1948, une version améliorée naît sous le nom de ‘TRUE-FLEX“.

• La vie de famille 

En résumé, il y a donc eu un mauvais fils mort à 1 an puis, ensuite un second, moins mauvais. Et, en corollaire, se posera la question ‘bysantine’ de savoir si l’Aluflex est le mauvais fils bien soigné ou l’autre naturalisé français ?

 

La vie du ‘mauvais’ fils (Alu 60 - 1947)

Elle fut très brève et uniquement américaine.

Mais pourtant nous en connaissons 3 paires en France : une au musée Dauphinois, une au Musée des Troupes de Montagne et, enfin, une chez Anselme Baud à Chamonix ; leur parcours n’est pas renseigné, aussi allons-nous essayer de le faire, malgré de grosses discordances franco-américaines dans les sources dont nous disposons !

La vie du ‘bon’ fils (True-Flex - 1948-1950)

Nous ne la détaillerons pas ici car elle l’a été dans notre cahier « La filière Omega dans 'L’épopée des skis métalliques' » (cf lien en fin de §)

C’est l’Alu 60 qui a été amélioré : meilleur alu, semelle celluloïd, carres et fixation spéciale (True-Hold) 12.000 paires produites - arrêt en 1950.

• Une descendance compliquée

C’est elle qui fait l’intérêt principal de cette étude, et elle servira pour l’étude historique complète de ce ski emblématique qu'est l'Aluflex.

Les acteurs :

Six hommes :

 - Jean Matter qui a la double casquette de dirigeant de la société “L’Aluminium Français“ (AF) et de président de la FFS.

- Serge Gagarin qui se dit prince et qui est ingénieur chez Sikorsky (un autre ‘russe’ blanc). Et, en même temps il travaille pour une société commerciale d’articles de sport (Sixty Sales Corporation).

- Thor Tangwald[6] compétiteur et moniteur norvégien venu en France avant la guerre et constructeur de skis (bois) de luxe. Il s’exile aux USA pendant la guerre puis revient comme entraîneur de l’équipe de France de ski.

- James Couttet, champion de ski et dans cette équipe à l’époque.

- Adolf Attenhofer, suisse, fabricant de skis (en Suisse et en France).

- Charles Dieupart, français, fabricant de skis, sous-traitant du précédent. Il est considéré comme le père de l’Aluflex.

Trois brevets :

- L’original : HICKMAN (USA) 2.560.693 déposé au nom de la TEY en Mai 1947 mais enregistré seulement 4 ans plus tard (1951).

- L’autre, strictement identique mais traduit, a été déposé au nom de GAGARIN en France (954.561) en Octobre 1947 (enr.en 1953) et en Suisse (288.757) en Novembre 1947 (enr.en 1949) ; seul le français porte, en sous-titre, le nom d’Hickman sans mention de la TEY.

Tous ces brevets correspondent donc à l’Alu 60 car ils ont été déposés avant l’apparition du True-Flex.

 

Essai de  reconstitution :

Elle pose beaucoup plus de questions qu’elle n’apporte de réponses

Des certitudes :

- C’est Tangwald qui s’est intéressé le 1er à ce ski et qui en a fait importer 10 paires en France ; son rôle est retrouvé dans les différentes sources, mais à des degrés et dates différents.

- Attenhofer a acheté le brevet de Gagarin ; mais la date de 1950 n’est pas recoupée.

- Le nom « ALUFLEX » apparaît la 1ère fois chez Attenhofer dans sa gamme ‘METALLIC’ au début des années 50.

- James Couttet a œuvré avec Dieupart pour améliorer l’Aluflex (skis “Couttet Diamant“).

 

Des déductions :

- Les ALU 60 retrouvés chez nous font sûrement partie de ceux achetés pour l’Equipe de France ; la date 1947 paraît évidente, car sinon ils auraient été badgés ‘TrueFlex’ !

- Ces Alu 60 ont été dispersés parmi les membres de l’équipe et les musées.

- L’Aluflex Attenhofer est le descendant amélioré de l’Alu 60 et est le 1er Aluflex ‘officiel’ (primauté du nom).

 

Des questions qui restent posées :

- Quand s’est fait le retour de Tangwald et quand a-t-il retrouvé sa fonction à l’Équipe de France ?

- Est-ce par les tests faits à l’équipe, que l’Alu 60 a été reconnu comme ‘mauvais’ ?

- Est-ce que les améliorations Alu60 à TrueFlex sont celles retrouvées sur le 1er Aluflex ?

- Par qui et où ces améliorations ont-elles été induites : suivant les sources, nous avons aux USA : Gagarin et/ou Tangwald, et en France, soit Tangwald et/ou Attenhofer, soit Tangwald et/ou Couttet.

- Est-ce que le brevet Gagarin a été spécialement fait pour Attenhofer afin d’éviter les royalties à la TEY[7] ? Et en corollaire, est-ce qu’on peut envisager que Gagarin ait ‘contourné’ ce brevet ?

- Est-ce que la disparité des dates d’enregistrement des brevets peut apporter quelques réponses aux questions précédentes ?

- Qui de Tangwald ou Gagarin a démarché Attenhoffer ? Et quand ?

- Quel est le rôle exact de J.Matter ? La source ‘AF’ le donne comme important, les américains n’en parlent pas du tout[8] !

 

Résumés par l’image :

 

Photo montrant la similitude des profils.


Essai de résumé de le filière Ω

 






Conclusion

Nous ne pouvons donc pas trancher actuellement sur la filiation exacte du 1erAluflex : c’est, bien sûr, un Alu 60 évolué, mais cette évolution est-elle uniquement américaine, uniquement française, ou mixte ?

Quand on sait que l’Aluflex a été régulièrement amélioré au cours de sa longue carrière, on pourra penser que c’est bien superflu de définir le ‘qui’ et le ‘quand’ des débuts.

 

Dans un souci de précision historique, nous tenterons quand même de le faire : en effet, nous avons l’espoir de trouver des réponses dans les archives de Charles Dieupart: rendez-vous au futur article sur ‘les’ Aluflex.

 

C.Richardin



[1] Attention à la confusion avec l’Allais 60, métallique aussi mais à structure ‘sandwich’ !

[2] Source : revue de l’Aluminium n°2 (Février 1954)

[3] Hunt, Pearcand Richey. La dernière lettre du nom à TEY,

[4] C’est un SKI CLÉ dans l’histoire du ski (origine des 2 grandes catégories de skis métal qui suivront)

[5] Massia – Skiing History Magazine

[6] Son nom était francisé en “Tangvald“ pour la production de ses skis avant-guerre.

[7] Suggéré par Massia !

[8] Vu le rôle majeur qu’il a joué pour le Vicki, on peut penser qu’il en a été de même ici !


=================== LIENS =====================

Skis métal: §4 - La filière « OMÉGA » =>

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