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Exhumation: les skis MICHEL

Les skis Michel avaient une bonne diffusion dans l’après-guerre et, surtout, ont eu un modèle assez innovant.

Les établissements ‘MICHEL’ (1925-1975)

En 1925, implantation d’une usine de fabrication d’objets en bois à Barberaz, petite commune près de Chambéry.

Raison sociale : « Marqueterie moderne, manufacture de jeux, plateaux de service, objets divers en bois ».

MICHEL’ était réputé pour l’excellente qualité de ses fabrications ; elle était dirigée par un skieur (Mr Jarre) et c’est lui qui aurait ajouté la fabrication des skis.

 Les premiers skis (avant-guerre) 

Étude du catalogue 1936 :  sur le document ci-joint, on notera que les bois étaient, classiquement du frêne ou de l’hickory, avec des longueurs allant jusqu’à 2m40.

Mais ce qui est intéressant c’est l’analyse de ce document qui montre une différenciation alpine/nordique, différenciation qui n’était, jusqu’alors que ‘balbutiante’. De même nous nous pencherons aussi sur les carres proposées.



• Les 'standards' dits ‘sport’

Ce sont des modèles ‘touristiques’ habituels de l’époque : il y en a 5 séries avec une largeur 70mm, mais les 3 dernières séries ont des largeurs différentes et marquent une certaine différenciation alpine/nordique :

- les ‘demi-course’ plus étroits (62mm) sont plutôt pour du ski nordique.

- les “Slaloom, plus larges (76mm) ont un programme plus ‘alpin’.

 • Les ‘Spéciaux’

Ici, il s’agit de skis de compétions nordiques, + longs.

- de ‘course, très étroits (55mm)

- de saut, très larges (85mm)

• Remarques  ‘sémantiques’ :

La signification de certains termes trouvés, mérite d’être précisée :

• ‘course’ :

Pour le ski d’avant-guerre, ça désignait la façon habituelle de faire du ski qui était ce que nous appellerions maintenant ‘randonnée nordique’.

Pour la compétition, on parlait de ‘course de fond’ dans le sens ‘course de base’ (l’autre étant le saut). Actuellement, le terme est resté quand on parle de ‘course en montagne’ pour une sortie d’alpinisme donc, ici aussi , sans notion de compétition. 

Le terme ‘ski de fond’ actuellement employé (en France du moins), est donc tout à fait inapproprié quand il s'applique à du 'hors piste' c'est à die à la randonnée 'nordique'.

• “Slaloom

 Cette curieuse orthographe n’est sans doute pas une ‘coquille’, mais plutôt une transcription du mot ‘slalom’ prononcé à l'anglaise ; en effet, le ‘slalom’ que nous connaissons, venait d’un nom norvégien (slalåm) qui avait été “anglicisé“ par Sir Arnold Lunn et officialisé peu avant*.

 

                        *Championnat du monde à Mürren en 1931; les JO de 1936 étaient les premiers qui l’ont utilisé.

• Les carres

Cette partie du catalogue dédiée aux carres est aussi très intéressante car nous sommes à peine 10 ans après leur invention*, et 5 ans seulement après leur 1ère utilisation en compétition°.

Nous voyons donc la séparation entre les carres prévues pour la partie médiane du ski (sans la spatule donc) et celles pour la spatule seule, dont d’exceptionnelles carres en ‘balata’ ’’.

Pour les renseignements et sur l’intérêt d’avoir tant de matières pour les carres, voir l’article spécial “L’Envers des Skis“ (lien en fin d’article).

 

*Lettner 1926.

°) Championnat universitaire de Davos 1931.

’’C’est le seul exemple où nous avons vu cette matière proposée pour des carres.

 

Les TRIXYLO (après 1946) 

C’est la gamme ‘Michel’ la plus connue car elle innovait : elle a été souvent citée dans les revues de l’époque. Elle a perduré jusqu’au début des années 60 en plusieurs variantes dont certaines n’avaient plus rien à voir avec les 1ères versions !
Où est l’innovation ?

Sa dénomination est déjà une indication car elle signifie “trois bois“ (3 couches de bois). Brevet déposé en 1946.

Il s’agit donc d’un multicouche, construction encore peu répandue en France dans l’après-guerre ; mais son originalité est la “bakélisation“ de la semelle dont il semble être l’inventeur (nous n’avons pas trouvé de brevet antérieur).

 Le brevet FR 922 010 (1946/47)


• Les couches 3 et 4 sont l’âme du ski. 

• La semelle est formée par les couches 1 et 2 qui sont préassemblées par collage puis mises en forme avant d’être collées sur l’âme ; c’est considéré comme une seule couche et ça explique que le ski soit appelé ‘trois couches ‘ et non ‘quatre’ !

La bakélite donne une excellente surface de glissement au prix d’une certaine fragilité ; et il apparaît que par la suite, cette ‘bakélisation’ ait disparu dans la gamme ou, alors, une semelle plastique a été ajoutée ? (voir exemples ci-après).

Exemple de quelques ‘Trixylo’ produits :

 


Cas particulier : le Trixylo “VAMPIRE FRANCE“

Depuis 1950, ‘Michel’, inclut dans sa gamme Trixylo, le célèbre et très médaillé ‘Vampire’ d’AUTHIER (Suisse) datant de 1948 ; ils le fabriquent sous licence.


Ce ski est un multicouches lamellé-collé classique mais on y trouve 2 fines lames d’inox longitudinales à l’avant et à l’arrière sur 60cm ; au centre, le bois est rainuré transversalement. 

Apparemment, il n’y a pas de ‘bakélisation’ comme pour les autres modèles.

       

 

 Les TRIHO (années 60) 

Cette gamme date du tout début des années 60 ; la pub de 1962 ci-contre, va nous servir de base.

Emil Tribelhorn est français, émigré à Zurich. Il a enregistré 2 brevets en Suisse : CH 262.822 (1944/49) et CH 273.982 (1948/51 enregistré aussi aux USA et Canada) : c’est ce dernier qui nous intéresse car il montre la structure complexe, multicouches utilisée par ‘Michel’
.

1a: résine synthétique 1mm

1b: idem - 2 couches de 2mm collées (4)

2a: bois

3a 3b: lattes de 1mm en fibre vulcanisée

On remarque donc qu’il s’agit d’un noyau en lamellé-collé classique avec un sandwich de 2 couches que la pub appelle ‘fibre plastique’ et le brevet ‘fibre vulcanisée’ ?? 

Le ‘fraxinus alba’ est tout simplement le frêne blanc utilisé dans la plupart des skis. Tous portent la mention “Armature fibre“.

Deux exemples : 


<= Un TRIHO Hickory.






Un “Festop Compétition Slalom“ (ci-dessous)


Autres skis (années 60/70) 


La fibre de verre fait son apparition.


Autre nouveauté : les carres dites ‘cachées’ dans la pub du modèle “SUPICA“ de 1966 : or comme on le voit sur la photo ci-dessous, il ne s’agit pas de vraies carres cachées, mais d’une forme intermédiaire avec seulement un masque plastique (toutes précisions sur ce genre de carres dans l’article « L’envers des skis » - Lien en fin d’article).


À noter que, dans les années 65 à 68, ‘Michel’ fabriquait des noyaux bois multicouches pour les ‘bas de gamme’ Dynamic°.

°Source Jacky Routin et Jean Michal.


1975

Arrêt des fabrications, fin de l’usine.

 

Quelques logos