- par l’arrière en cas de déséquilibre vers l’avant (sécurité dite « CHUTE AVANT »)- par le côté en cas de torsion (sécurité dite « LATERALE » ou « ROTATION ») : c’est le risque le plus important.
- La sécurité ‘chute AV’ » protège surtout le tendon d’Achille dont la rupture est aussi grave qu’une fracture mais nécessite une force nettement supérieure(°.)
- La ‘sécurité latérale’ protège bien des classiques fractures du tibia et du fémur, mais moins bien des entorses du genou. Pour la cheville, c’est surtout la hauteur et la rigidité de la tige de la chaussure qui la protège; mais plus ces 2 paramètres sont importants, plus le genou est exposé !
(°) sauf exception d'un tendon préalablement fragilisé !
Avant les années 30
Pas de problème : LA sécurité en général et LES sécurités, sont inconnues ; pour une chute avant, le talon étant libre, c’est le nez qui risquait quelque chose ! Les lanières de cuir étaient suffisamment lâches pour ne pas entraîner de contraintes trop fortes dans une chute en torsion. De plus, le ski cassait souvent avant les os !
Il y a eu quand même quelques précurseurs : NORDLANGER aux USA en1908 et plus tard (quand ?) HVAM (norvégien) pour 2 modèles vendus aux USA (Saf-Ski puis Cubco).
À signaler que l'attache à levier KOSKI (dérivée de l'Ellefsen) était présenté en 1912 comme pouvant s'ouvrir en cas de forte contrainte tout en retenant l'anneau dans la griffe: ça faisait donc office de sécurité chute avant !
Années 30/40
Les choses ont commencé à se gâter dans les années 30 avec les fixations qui permettaient de descendre en position « diagonale » ; le talon y était mieux maintenu et les traumatismes du membre inférieur sont devenus plus fréquents.
Aussi des systèmes de sécurité ont-ils commencé à être proposés aux pratiquants.
Sécurité chute AV
Par ressort
•Talonnier
Le talon BILDSTEIN : est le + répandu : invention autrichienne du tout début des années 30, donc antérieure à aux fixations diagonales. Se fixait aux brides latérales. La sécurité apportée ne devait pas être bien importante !Remarque : les ressorts genre AMSTUTZ n’étaient destiné qu’à limiter la levée du talon, sans revendication sécuritaire..
•Sur tendeur avant
Ressort(s) couplé(s) au levier : système qui de retrouve pratiquement, sur tous les tendeurs d’après-guerre, soit en simple central, soit en double sur le câble.
Par courroie et tendeur AR
Un dispositif intéressant : le MIRA qui pouvait être utilisé avec n’importe quel talon (câble, longue lanière, Bildstein).
Par câble de sécurité
Câble DURET Securit (fin des années 30). Petit boitier d’accrochage/décrochage du câble avec vis de réglage. Pouvait remplacer le câble de n’importe quelle fixation.
Sécurité latérale (torsion)
3 systèmes jouant sur les étriers : les 2 premiers du milieu des années 30, le 3ème de la fin des années 40.
L’étrier KIENER
Invention d’un industriel/skieur vosgien : une seule joue de l’étrier était articulée.
L’étrier DR
Inventé par messieurs Ducia et Reussner et fabriqué à Megève. Les deux étriers pivotent avec un réglage de dureté indépendant pour chacun.
L’adaptateur NEVRAKTA
1948, probablement suisse. Système très abouti par plaque pivotante s’adaptant SOUS les étriers Kandahar standards.
À partir des années 50
Le problème des « longues lanières »
Déjà un peu connues avant la guerre, elles ne se répandent vraiment qu’après, où elles sont adoptées par les compétiteurs et les ‘bons skieurs’ : le talon reste toujours strictement bloqué ; ce système s’est adapté aux étriers puis aux butées ensuite.
Mais grave problème : la sécurité ‘chute AV’ avait totalement disparu et la ‘latérale’ était très insuffisante car le pivotement de la chaussure était impossible dans les étriers et difficile avec une butée, même pivotante.
Une véritable épidémie de fractures est survenue à mesure que le nombre des utilisateurs augmentait: elle n'a cessé qu'avec la généralisation des talonnières.
• À signaler quand même un accessoire original (nom inconnu) destiné à assurer la sécurité avec des longues lanières : anneau à mettre sur la lanière et à coincer contre le piston dont la dureté du ressort était réglable : ça devait être efficace pour la ‘chute’ AV, mais aussi pour la ‘latérale’ avec une butée ad-hoc.
étriers et câble
C’est toujours le ressort sur le tendeur du câble qui assurait la sécurité ‘chute avant’.
• On trouvait encore ce genre de fixation, mais sans sécurité latérale chez Emery (RUADE) ou Silvretta (SAAS FEE).
• La RAMY SECURUS : la ‘classique’ du début des années 50 dont les étriers s’ouvraient des 2 côtés.
butée et câble
Fixations très courantes : toutes les marques en proposent depuis la fin des années 40 et jusque dans les années 60.
- Au début, certaines butées sont simplistes, sans aucune pièce mobile, n’assurant donc la sécurité latérale que par glissement, comme par exemple la RB Printemps ou la BARVILLE Decat (efficacité ???)
- Puis les butées deviennent pivotantes : par exemple, dans les années 50, la classique allemande MARKER ou l’originale ECKEL Comet. (et aussi l’Anderson & Thompson vue au §3).
C’est toujours le tendeur du câble qui assure la sécurité « chute AV ».
Système « 2 points » (butée + talonnière)
Les deux sécurités sont assurées indépendamment : la ‘latérale’, par la butée, et la ‘chute avant’, par une talonnière, mécanisme qui permet un blocage total du talon, tout en pouvant s’ouvrir à la demande (chaussage) ou automatiquement (chute).
Ce genre de fixations a fait faire à la sécurité un progrèst assez remarquable et a rapidement entraîné la disparition des longues lanières.
Ex.1 : la fixation Look Nevada N17 de 1963 : gros progrès en sécurité avec l’apparition de l’élasticité qui évitait les déclenchements intempestifs aussi bien en 'latéra'l qu’en 'chute avant'.
Ex.2 : une Salomon à chaussage automatique, classique des années 70 et postérieures.
C’est ce système, adopté par TOUTES les marques, et qui perdure toujours actuellement avec le même principe et quelques améliorations (cf §3)
Cas particulier des fixations de randonnée
De nombreuses fixations de ‘rando alpine’ utilisent, à l’arrière, un système de blocage du talon relié (par plaque ou rail articulés) à une butée.
Or depuis les années 70, les chaussures de rando ont des semelles genre ‘Vibram’ dont le caoutchouc cranté rend le glissement latéral de la semelle assez aléatoire : c’est PETZL qui, en 1985 avec sa 8007, avait trouvé la meilleure parade en intercalant une mince semelle intermédiaire pivotante : cette fixation était ainsi une des rares qui assurait, à la descente, la même sécurité qu’une fixation piste.
EMERY a repris cette idée sur la CHRONO et l’ENERGY, mais les plaques intermédiaires étaient nettement moins efficaces car trop petites.
Fixations à sécurités « mono-point »
Ce genre de système n’a qu’un seul réglage pour les 2 sécurités : or on sait que, pour entraîner des lésions, il faudra nettement moins de force en torsion qu’en chute avant.
Donc, ce réglage ne peut être qu’un compromis insatisfaisant ; on le trouve sur 2 systèmes
1) Fixations à plaques:
Il s’agit de fixations qui avaient un seul mécanisme jouant sur une plaque porteuse d’étriers avant et arrière. En cas de déclenchement, la plaque restait fixée à la chaussure. Ce système, qui a eu une certaine vogue, a été abandonné dans les années 80, (sauf pour quelques fixations de rando) (voir § 3 et 4).
On trouvait ce genre de fixation chez LOOK, BURT, RAMER, SALEWA, GERTSCH, RÖBA, SECURA/LAPRADE, SILVRETTA, SU-MATIC, FRITSCHI etc…
Exemples :
- LOOK (F- 1950) (voir §3).
- GERTSCH G 70 (D - fin des années 70) : mécanisme à l’AR.
2) Fixations à inserts
(Systèmes spécifiques à la randonnée alpine)
Apparues à la fin des années 80, elles sont devenues omniprésentes au 21ème siècle. Les seules encore présentes (et omniprésentes !) sont connues sous le nom générique de « LowTech » (nom des 1ères Barthel de 1984); ce sont elles que nous allons voir ici.
Les sécurités sont regroupées sur la talonnière : 2 tiges sur ressorts s’enclenchent dans l’insert AR de la chaussure : elles se rétractent pour la 'chute avant'. En cas de torsion, ces mêmes tiges entraînent la rotation de la talonnière en entier pour dégager la chaussure (par l’AR donc).
Les 2 fonctions sont donc réglées par la seule vis de la talonnière ; la butée AV possède bien des ressorts mais à tarage fixe et qui n’ont pas de rôle net pour la sécurité: ça serait même plutôt une gêne pour la rotation de la chaussure (voir ci-après).
REMARQUES DE L’AUTEUR sur les ‘LOWTECH’…
1)…sur LEURS sécurités :
Contrairement aux pubs des fixations de piste, celles des fixations de rando passent souvent sous silence, le problème des sécurités : en effet, il y a un gros « flou » dans les normes applicables, flou plus ou moins entretenu par les commerciaux.
En effet, il existe 2 normes DIN/ISO pour la rando(°) : 13992 pour la fixation et 9523 pour la chaussure.
Mais c’est le fonctionnement du couple fixation/semelle qui, en réalité, conditionne la sécurité d’une fixation : pour cela, il existe une norme «officielle» (TRW) mais elle n’est pas utilisée par les fabricants car la plupart ont une norme à eux et c’est la jungle… ! Par exemple, on voit souvent dans les notices: « équivalent DIN » !
(°) il en existe d’autres pour fixations et chaussures de piste
(*) la norme TÜV est une « surnorme » qui concerne la solidité de la mécanique et accessoirement, le respect de norme DIN (mais laquelle ?).
En résumé, on peut dire que, jusqu’à ces dernières années, seul le poids était mis en avant et que la sécurité était pieusement escamotée par les fabricants et les commerciaux.
Or ils semblent, maintenant, en avoir conscience car on trouve des modèles avec des sécurités dites ‘normées’ : la butée AV est devenue pivotante pour la sécurité latérale, la talonnière devient classique (pas d’insert) pour la chute AV et souvent les variations du cambre sont compensées.
Mais, revers de la médaille : augmentation du poids et du prix ! Or le seul intérêt des Lowtech, était justement leur faible poids qui faisait passer au second plan, leurs inconvénients bien connus : difficultés de chaussage, obligation d’avoir des chaussures spéciales, insuffisance des sécurités etc. !
En résumé (en 2021), seuls 6 modèles semblent répondre aux normes (sauf à la TRW) et elles sont toutes entre 1.100g et 1.700g/paire soit pratiquement le poids de fixations classiques:
Exemple avec la comparaison entre 2 fixations à la sécurité ‘normée’ : Diamir Scout à1.600g/paire et Marker KingPin à 1.490g/p soit un gain de seulement 55g/pied pour une augmentation de prix de 40% + l’achat de chaussures dédiées + quelques galères de chaussage en prime !
Aussi, on s’explique mal la mode actuelle, bien entretenue par certains commerçants, de ne proposer que des inserts, même à des débutants : il faut espérer que ce n’est que pour paraître ’à la mode’ et pas dans le but, purement mercantile, de les obliger à acheter les chaussures dédiées !
2)… sur LA sécurité lors des montées
C’est un problème propre à ces fixations et qui n’est jamais évoqué en dehors de rares forums spécialisés,
Il faut d’abord savoir que, si on est pris dans une avalanche avec des fixations bloquées, les skis entraînent le skieur vers le fond et/ou font faire des « 8 » aux membres inférieurs, même dans une petite coulée !
Le problème vient, qu’à la montée, la butée AV des LT a, quelques fois, des ouvertures intempestives : le débord de la semelle(*) peut faire levier latéral, écartant ainsi les ‘pins’ ; et c’est surtout lors des conversions que ça peut se produire (personnellement, j’ai eu 3 types différents de LT et j’ai eu le problème avec les 3 ) !
C’est bien sûr un incident très désagréable mais qui peut aussi devenir dangereux : en effet, le « rechaussage » peut être acrobatique si on est en neige dure et/ou dans du raide (et c’est justement là qu’on fait des conversions !).
Conséquence : à la montée, il y a un choix 'cornélien' à faire entre 2 risques :
• on bloque les butées: on ne déchausse pas, donc on supprime le risque de dévissage au 'rechaussage' mais on risque nettement plus si on est pris dans une coulée.
• on ne les bloque pas: on a des ouvertures intempestives et les risques sont inversés !
Beaucoup (dont moi !) prennent l’option du blocage ; mais combien pensent à les débloquer dans une zone à risque (pas moi en tout cas !).
(*) Certains fabricants de chaussures suppriment maintenant le débord AV de la semelle (souci d’allègement ??) ce qui devrait sans doute faire disparaître le phénomène (à vérifier !).
Problème sécuritaire annexe : la perte d’un ski
Un ski qui part tout seul dans la pente met en jeu la sécurité de 2 façons :
- Il peut devenir un « missile » potentiellement mortel pour autrui.
- En montagne, c’est un risque majeur car ça oblige à rentrer ‘à pied’ ce qui peut être impossible sans prise de risque (par exemple sur glacier ou si ça force à bivouac improvisé).
Donc après un déchaussage il faut : soit que le ski reste sur place, soit qu’il reste attaché au skieur.
Les systèmes disponibles :
Les lanières :
Le + ancien, avec des lanières de cuir, est apparu dans les années 40/50 avec les butées de sécurité. Puis, plus tard : diverses sangles avec de système de bouclage ± astucieux.
Depuis une vingtaine d’années, sont apparues des mini-lanières (leash) qui se clipsent directement sur la chaussure (mode venant du ‘surf’).
Mais n’importe laquelle de ces lanières entraîne 2 risques :
• Par effet « hélicoptère » : lors d’un déchaussage à grand vitesse, le ski tournoie comme des pales de rotor.
• Par effet « ancre » : dans une avalanche, les skis tirent le skieur vers le fond !
Les stop-skis :
Apparus au début des années 60 aux USA puis progressivement généralisés à partir des années 80.
Ils sont très adaptés au ski de piste car leurs avantages dominent largement leurs inconvénients.
Ci-contre un des tout premiers stop ski de 1960 (USA =>
Les rubans
Le principe est celui de la ‘’cordelette à avalanche’’ que l’on traînait derrière soi avant l’ère DVA : en cas d’ensevelissement, une partie de la cordelette (±10m) était censé être apparent et permettait de remonter à la victime.
Ici, un fin et long ruban fluo reste à demeure dans une petite poche du bas de pantalon ou dans la chaussette; il s’attache à la fixation à chaque chauffage comme pour fixer une leash. Si le ski ‘’sous-marine’’ on le retrouvera facilement.
Ce système complète bien les stop skis: ça fait longtemps qu’il n’y en a plus dans les catalogues, mais c’est très facile à faire soi-même !
L’anti-système : le blocage des fixations
Cité pour mémoire car c’est la négation de la sécurité (mais le seul « raisonnable » en pente très raide !)
Lequel choisir ?
Pas de problème SUR LES PISTES : LE STOP-SKI S’IMPOSE sans contestation.
Mais, par contre en RANDONNEE , le CHOIX est très DIFFICILE parce que…
• les stop skis sont inefficaces…
…en poudreuse car le ski peut continuer à filer en « sous-marinant »
…en neige dure dès que c'est un peu raide
• les lanières (ou les leashs)…
…aggravent le risque en cas d’avalanche (effet 'ancre')
…entraînent le risque du ski ‘hélicoptère’ si chute à grande vitesse.
…et surtout, ne protègent pas quand elles sont ouvertes lors des manipulations (chaussage, dépeautage etc…) et c’est le mode de perte le plus fréquent !
Chaque solution a d’autres avantages ou inconvénients mais qui ne jouent pas sur la (ou les) sécurité(s), seulement sur des considérations pratiques.
De même, le choix entre lanière classique (longue) et leash est plus une question de mode que de praticité qui, objectivement, serait plutôt en faveur des lanières !
En pratique : il n’y a aucune solution totalement satisfaisante, la moins mauvaise étant sans doute d’avoir des stop-skis et d’ajouter les leash dans les passages en poudre supposés ‘sans risque’ (c’est évidemment un vœu ‘pieux’).
L'association stop-skis / ruban est très valable mais paraît tombée en désuétude !
Mais pour les débutants, les stop-skis semblent quand même, les plus adaptés°.
On pourrait aussi …
• coller sur chaque ski, une balise GPS et/ou DVA !
• etc… peut-être encore d’autres solutions à présenter au concours Lepine !
FIN des § FIXATIONS
Voir les sites https://paysdeneige.fr/formation-nivologie-ski/fixation-randonnee-securite/u: et https://www.ski-libre.com/testmateriel/fixations-a-insert-securite-tuv-normes/: ils expliquent bien les problèmes spécifiques aux « LowTech ».