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Fixations 'balata' et dérivés

Pour la même raison que souvent, on continue d’appeler « frigidaire » notre réfrigérateur, on continue à appeler « fixation balata » presque toutes les fixations  ‘à semelle souple’ dont les “balata’“ ont été le 1er exemple.

Certains pensent qu’il s’agit d’une invention d’un ‘monsieur Balata’ ! Or, en réalité, il s’agit du nom de la matière de la semelle qui a été appliqué à toute la fixation ; on devrait donc dire plutôt : « fixation à balata ».

Elles sont montrées dans la plupart des documents historiques sur le ski et, bien qu’assez rares, on en trouve parfois dans les collections.


 Nous étudierons donc ici, toutes les fixations à semelle souple, c’est-à-dire, les ‘balata’ proprement dites puis leur proche dérivé : l’Ellefsen.

Qu’est-ce que le balata ?

C’est un isomère du caoutchouc obtenu par la coagulation du latex tiré d’un genre d’hévéa (le Balata ou Bully-tree) qui pousse en Amérique du sud. 

Il présente de remarquables propriétés de résistance, d’imperméabilité, d’imputrescibilité et d’insensibilité au soleil : toutes ces qualités se conservent longtemps même aux températures extrêmes (froid ou chaleur). Un seul inconvénient : la rareté des arbres, donc un prix devenu de plus en plus élevé quand les applications industrielles se sont multipliées. 

L’utilisation en Europe n’a commencée qu’au milieu du XIXème s. : en pratique, le balata était surtout utilisé pour des courroies de transmission en imprégnation d’une épaisse toile tissée ; mais il servait aussi quelquefois d’isolant électrique et de semelle de chaussures. 

Et il est vraisemblable que le revêtement de sol ‘Balatum’ ait été, au début, réellement à base de balata (il est devenu ensuite un linoléum ‘bas de gamme’ !).

 

Note : le ‘mystère’ du chameau ! Cet animal apparaît à 3 reprises dans nos lectures sur le balata sans que nous sachions si, comme ça paraît probable, il s’agit d’une “fake-news“ de l’époque!

- Pour décrire une fixation balata, A.Fendrich dans “Les Sports de la neige“  (Hachette - 1912) parle de « …bande épaisse en poil de chameau » 

- Et nous avions lu sur deux sites internet différents (non retrouvés) que…

… le balata des lanières était renforcé de poils de chameau.

…‘balata’ était le nom d’une race de chameaux mongols dont le cuir, très solide, servait à faire des fixations de ski !

Son utilisation pour les skis :

Le balata était utilisé essentiellement comme semelle de la fixation ; à l’origine, cette semelle revenait moins cher que la même en cuir et avait une bien meilleure résistance et durabilité.

Mais nous avons trouvé aussi deux autres rares applications ‘ski’ dans des catalogues du début du siècle :

- carres de spatule.

- sous-pied (appelés souvent ‘isolateurs’).

 

Les fixations ‘balata’ 

L’origine du nom remonte à la fin du 19ème siècle et l’appellation ‘balata’ est restée pour toutes les fixations qui ressemblaient à l’originale, c’est-à-dire une semelle souple avec une talonnière cuir enveloppante.

La “balatarem“ originale : 

C’est le nom norvégien utilisé qui signifie ‘sangle de balata’.  Notre principale source est le livre de Karin Berg (“Ski i Norge“ Oslo-1993, traduction Michel Achard).

1893 : le brevet Gustav WOLF KLEM (non retrouvé)

Il se serait inspiré de fixations ‘enfant’ en caoutchouc. Semelle fixée par des vis devant l’étrier. Pas d’illustration trouvée.

1896 : brevet Nils PEHRSONS (non retrouvé) :

Semelle double couche avec, entre les 2, une lame d’acier à ressort. La semelle est vissée devant le bout de la chaussure.

Talonnière haute et enveloppante, caractéristique ; bride d’orteils en cuir dans la mortaise.

Le réglage de la pointure se faisait par le déplacement de toute la plaque vissée à l’avant.


Note : le dessin montre, derrière l’étrier, une excroissance latérale qui pourrait être l’extrémité d’une lame intermédiaire ?? (hypothèse perso, à défaut du brevet !).

Son évolution :

La plupart des suivantes connues s’affranchissent du brevet de 1896 (et du balata !) et ne semblent pas avoir de lame métallique intercalaire. On pourrait même dire qu’il y a des ‘vraies’ et des ‘fausses’ fixations ‘balata’ !

- Les étriers :

Ce sont ceux de l’époque : au début, simple bride de cuir passée dans la mortaise (comme sur le dessin de 1896).

Puis, un peu plus tard, bride passée dans des anneaux vissés latéralement.   =>

Et enfin, étriers métalliques : soit dans la mortaise (Huitfeldt), soit vissés (voir exemples ci-après).

- Les matières de la semelle : 

• Le balata : C’est la matière ‘princeps’ mais qu’on ne retrouve qu’exceptionnellement dans les collections. Seule sa couleur qui irait, parait-il, du jaunâtre au brunâtre permettrait probablement de la reconnaître.

• La lame acier : c’est la caractéristique des balata norvégiennes initiales mais elle semble avoir disparu ensuite traversant la Baltique !

• Le cuir : assez rare aussi car revenait sans doute plus cher pour des performances moindres.

• La sangle textile : c’est de loin, la variété la + répandue ; celles que nous connaissons ont une rigidité latérale déplorable et seul le prix pourrait expliquer sa diffusion.

• À noter que tous les catalogues français ou suisses consultés, ne parlent que de balata, mais jamais des autres matières de semelle !

- Le bridage 

Il est toujours en cuir, y compris le renfort du talon caractéristique de toutes les ‘balata’ (vraies ou fausses !)

Exemples photographiés

      



La fixation Høyer-Ellefsen

(La plupart du temps, elle est dénommée simplement “Ellefsen)

Cette fixation norvégienne est étroitement dérivée de la précédente, une dizaine d’années plus tard.

 Elle est toujours associée à des étriers Huitfeldt dans la mortaise.

Description :

Nous retrouvons une ‘balata’ avec une partie AR différente : une plaque métallique avec étrier, prolonge la semelle vers l’AR.

Cet étrier s’associe un tendeur à levier qui va devenir une référence : on va le retrouver (original puis copies) dans la plupart des bridages cuir des fixations ‘toutes marques’ jusque dans les années 30 ; il facilitait grandement les fastidieuses manipulations des boucles à ardillon classiques.

Nous noterons que, comme pour les ‘balata’, toutes les Ellefsen vues dans les collections, avaient des semelles en toile, mais que tous nos catalogues ne parlent que de balata !

Brevets Sigurd Høyer-Ellefsen (Norvège): 

- CH32749 (1904/05) (=AT22466) : porte uniquement sur la talonnière métallique (1 ci-dessus) avec boucle classique à ardillon.

- CH33421 (1904/05) : porte uniquement sur le tendeur à levier (2 ci-dessus) : cf extrait du brevet                                        =>

<= CH42052 (1905/08) : montre dans l’étrier AV, des taquets latéraux destinés probablement à guider la flexion de la semelle à ce niveau.


Remarque : les brevets sont tous écrits en allemand car à cette époque, c’était la langue utilisée dans l’armée norvégienne formée et encadrée par des officiers allemands !

 

Diffusion de ces fixations

• Pour les ‘balata’, elle a été limitée du début du siècle jusqu’à la guerre de 14 (du moins en France).

 

• Pour l’Ellefsen, elle a été plus tardive et tous les exemples trouvés dans les catalogues la proposent de 1910 à 1928, et toujours en balata : ils ne parlent jamais des autres matière de la semelle !

 

• Exemple 1 : (catalogue Revol Neveu de 1913)

Balata : 12F50 

Ellefsen : 10F avec la bouclerie classique à ardillon.

  14F avec le tendeur Ellefsen.

- Comparaison : la Huitfeldt à tendeur Ellefsen coûtait 7F50.

 

• Exemple 2 : photo de militaires italiens (‘bersaglieri’) en 1907 à Montgenèvre.     =>

C.Richardin

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